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Notre critique de Agatha

Errances et solitude de l’amour
Agatha     Un grand escalier blanc, un homme, une femme.
Ils ne se regardent pas, les silences entre eux sont lourds, pesants, chargés d’un sens profond qui nous échappe encore.
Elle s’en va, elle le quitte.
D’une voix sourde, il supplie, il quémande un peu de temps.
Du vouvoiement lointain et respectueux au tutoiement, ils hésitent, tant la relation entre eux est forte, la douleur de la séparation perceptible.
Entre le poids du passé, la doucereuse et douloureuse évocation de souvenirs magnifiés par la patine du temps, les regrets, les non-dits, ils s’aiment tout simplement.
Dans ce retour en arrière tendre et amer à la fois, ils vont se remémorer leur enfance, leur tendresse, leurs caresses, leurs premiers émois, leur amour naissant, violent et interdit.
Ils sont liés par le sang et par l’amour lucide et compréhensif d’une mère.
Silencieusement, chacun de son côté, ils se sont murés dans un silence fait de renoncements et de déchirements.  Ils ont meublé leurs vies avec hommes et femmes, époux et épouses, amants de passage sans jamais oublier, ni réussir à éteindre la flamme vivace, le brasier ardent qui consume leur cœur.

Avec pudeur, sensibilité, Marguerite Duras dépeint, à petites touches nettes et précises, cette séparation déchirante.
La mise en scène discrète, simple et impressive de Michael Delaunoy met en relief la pureté et la puissance contenue dans chaque mot, dans chaque phrase, dans chaque silence.Agatha
Comme dans une errance infinie, ils sont charriés par un océan de sentiments qui les rapproche et les éloigne sans cesse, ils sont emportés par les vagues d’émotion qui les submergent. 
Le bruit de la mer est d’ailleurs là en filigrane discret et lancinant.
Chaque vaguelette est un regard éperdu, chaque remous résonne comme un cri d’amour, chaque lame de fond la saveur d’un baiser, chaque vague déferlante est une caresse soyeuse.
Puissant, fort et intime, le spectacle nous enferme dans un cocon délicat de sensations, de sentiments et de perceptions. Les lumières discrètes de Laurent Kaye et le décor sonore créé par Lorenzo Chiandotto y contribuent grandement.
En fermant les yeux, on se croirait sous le chaud soleil de la Loire, assis nous aussi, sur le grand escalier blanc.
Anne-Claire et Serge Demoulin font vibrer l’air de leurs émotions et nous enferment avec eux dans cette aura de souffrance, de douleur, de renoncement et d’amour.
Parenthèse magique, aux silences impressionnants, prenante, subtile et ardente, Agatha est une ode poétique et tragique, à la vie et à l’amour.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 28-02-2008
Théâtre des Martyrs
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Agatha  titre>Un conflit intimiste entre un frère et sa soeur
C'est un salon dans une maison inhabitée. Une fenêtre laisse passer la lumière d'hiver.
On entend le bruit de la mer. Il y a là un homme et une femme. Ils se taisent. Ils sont debout, adossés au murs, aux meubles, comme épuisés. Ils ne se regardent pas.
L'affiche :
de Marguerite Duras
Avec : Anne-Claire et Serge Demoulin
Mise en scène : Michael Delaunoy

Les prochaines représentations :

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