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Notre critique de Gagarin Way

Gagarin WayQui a vraiment vécu la fermeture de Renault, la liquidation de la Sabena ?
Qui peut imaginer ce que ressentent les travailleurs d’Arcelor Mital ou d’une usine prête à fermer pour cause de délocalisation ?
Qui n’a déjà pas eu l’impression de travailler pour des clopinettes, d’être exploité ?
À l’ère de la mondialisation, des faillites bancaires, des bourses défaillantes, d’une économie chancelante, qui ne craint pas le chômage, l’insécurité et la misère ?
Pourtant tous, nous avons tendance à considérer cela comme des faits divers, des évènements qui ne nous concernent que de très loin.
Comédie noire et rythmée, Gagarin Way nous jette au visage cette réalité que nous occultons sciemment.

L'Écossais Gregory Burke a écrit cette pièce en 2001.
Aujourd’hui encore, ses mots nous parlent avec autant de pertinence.
Il explore les tréfonds de l’âme d’hommes, confrontés à une existence, sans débouché et sans avenir, malmenés par la vie, broyés par le système, enfermés dans un tunnel sans une lumière d’espoir, sans issue, sans échappatoire.

Gary et Eddie en ont fait le tour.
Le premier croit que c’est un manque de conviction sociale, de volonté et d’engagement qui est la cause de tout.
Il cherche des raisons, des explications pour trouver la force de rebondir.
Le second a une vue plus que désabusée de son passé et de son futur sans horizons.
Érudit, il cite Sartre entre deux jurons, une provocation et une éructation enragée.
Ensemble, les deux compères ont décidé d’enlever Frank, un émissaire mandaté par la société qui vient d’acquérir leur usine.
Ils espèrent faire un coup médiatique, sensibiliser l’opinion.
Mais le plan savamment ourdi va… magistralement foirer.
Tom, le vigile, le diplômé en sciences politiques, plein d’espoirs et sans guère de convictions les surprend et les déstabilisent solidement.
Frank, le kidnappé, loin d’être le retors financier, le japonais dévoreur d’entreprises en difficultés, est natif du coin et du style cadre désabusé et résigné.

Les dialogues percutants de Gregory Burke claquent littéralement, ils sont autant de lestes gifles assénées sur notre tranquillité d’esprit et notre conformisme bien-pensant, sans jamais tomber dans la morale pesante ou le misérabilisme.
Mieux, ses propos sont audacieusement bourrés d’humour noir.Gagarin Way
On rit beaucoup (parfois très jaune) des réactions et des réflexions des quatre hommes enfermés dans un huis clos captivant, explosif,tragique, sanglant et particulièrement efficace.

On saluera la mise en scène de Georges Lini, qui a su respecter l’insolence cynique de Burke et nous la transmettre intacte.
On applaudira des deux mains le travail accompli dans une direction d’acteurs précise et énergique qui nous propose des personnages forts et humains.
John Dobrynine (Franck), François Prodhomme (Tom) et Jean-François Rossion (Gary) sont excellents. Vincent Lecuyer, lui, est surprenant, bouleversant et fabuleux.
Il incarne Eddy, une petite racaille désespérée.
Il alterne colère, peur, hésitation, violence, désespoir avec une justesse confondante.

Petit bijou théâtral, Gagarin Way se révèle noire, grinçante, intelligente, mais surtout authentique.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 15-01-2012
Théâtre du Méridien
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Gagarin Waytitre>« C’est pas compliqué. Aujourd’hui, on peut faire n’importe quoi. N’importe quoi.
Choix illimité de style de vie. Tout ce que tu as envie de faire de ton temps libre … tu peux le faire. »
L'affiche :
De Gregory Burke
Avec John Dobrynine, Vincent Lecuyer, Julien Lemonnier et Jeff Rossion
Mise en scène de Georges Lini

Les prochaines représentations :

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