Notre critique de Histoire de l’homme qui était rentré en Porsche dans le magasin de photocopies
Comment finit-on une soirée de réveillon coincé dans une Porsche, encastrée dans la vitrine d’un magasin de photocopies ?
Ce titre intrigant ne manque pas de titiller pas mal de curiosité.
Olivier Coyette, auteur et metteur en scène, a écrit un seul en scène, taillé dit-il, exprès pour Valéry Massion.
Comme il le met dans la bouche de son héros, c’est une vie de merde, de frappadingue qui va être évoquée.
Mis à part une chaise, c’est sur un plateau vide que le comédien va pendant 100 minutes nous narrer les évènements qui l’ont conduit à cette surprenante situation.
Le compte à rebours va s’égrener à la manière de la série 24heures chrono, un moment musical va à chaque fois précéder l’apparition de l’horloge digitale.
Ente récit et confidences au public, c’est le portrait d’un homme est instable, violent, solitaire et cru qui se dessine.
Clichés, invectives envers les spectateurs, karaoké, distribution de bonbons, critique de l’auteur, tout y passe dans une sorte melting-pot foutraque, bourré de références à l’univers du théâtre et qui échapperont tout à fait à la grande majorité du public.
Du dégueulis d’huîtres à une tenue latex, d’une sœur qui s’appelle Bernard à J’aime la vie de Sandra Kim, d’un bar glauque au discours de Joëlle Milquet, d’une goulasch noirâtre à l’haleine puante d’une vielle dame, d’un infarctus un soir de réveillon à une virée en voiture, de Jean-Marie Pfaff au drame de l’acteur obligé de jouer un texte de merde, Valéry Massion réussit une jolie performance de comédien.
Il danse, il chante, il anime, il invective et il se glisse dans la peau d’une brochette de personnages.
Multiforme, changeant, amusant et énervant, déjanté et provocateur, Histoire de l’homme qui était rentré en Porsche dans le magasin de photocopies crée volontairement l’ambivalence.
Si on rit (parfois très jaune) de cette vie décousue, violente, trash, sans tabous et sans limites, on reste aussi interloqué, voire agacé, par un texte décousu dont on cherche souvent le sens.
Paradoxalement, on ne peut nier l’envie de connaître la fin de ce road- movie plutôt louftingue, d’en comprendre le pourquoi et le comment qui nous taraudent.
Masochisme de vouloir boire le calice jusqu’à la lie ou talent de l’auteur et du comédien qui réussissent à séduire leur public ?
A vous de juger.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 20-12-2011
Atelier 210
Présentation du spectacle :
Résumé : Les gens sont bêtes à bouffer
du foin.
1er janvier, 6h45. Un homme
dont, par charité, nous tairons le
nom, se retrouve coincé dans le
toit ouvrant d’une Porsche, pliée
dans la vitrine d’un honnête
magasin de photocopies.