Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Nos pages Facebook 

Notre critique de Hygiène de l'assassin

Le cobra et la mangouste
Hygiène de l'assassin - Théâtre Le PublicParu en 1992, Hygiène de l'assassin, premier roman d’Amélie Nothomb nous entraîne dans l’antre adipeux d’un écrivain octogénaire sur le point de mourir.
Prix Nobel de littérature, l’odieux homme accepte de recevoir quelques journalistes triés sur le volet pour leur confier, qui sait, quelques secrets.
Et si finalement cet acariâtre misanthrope n’avait simplement qu’envie de s’amuser dans des joutes oratoires diaboliquement retorses  aux dépens de ces personnages vains et falots qu’il considère avec dédain ?

Si le texte de l’auteure belge décrit cinq plumitifs, la mise en scène de Pierre Santini n’en a retenu que deux.
Le premier, interprété par Vincent Lecuyer, sera la souris grise qu’aura tôt fait avaler par ce royal cobra.
Écœuré  à grands coup de tripes crues, poursuivi dans ses derniers retranchements par la chaise roulante rageuse d’un raciste manipulateur, d’un provocateur satirique, d’un ogre grossier qui ne rêve que de bouffer (au figuré) ce pisse-copie coincé et empoté, Vincent Lecuyer reflète très efficacement un maladroit, gêné aux entournures par un costume moralement trop large pour lui.  Il représente l’image idéale du rustre émissaire d’une meute assoiffée de mort et de scandales.  Trop confiant et pontifiant, il sera une victime de choix pour le pervers Prétextat Tach.
Hygiène de l'assassin - Théâtre Le Public
Daniel Hanssens, dans ce personnage de cynique obèse répugnant, d’eunuque blafard, d’écoeurant bâfreur incarne à merveille ce summum d’orgueil, de prétention, cette boule suintante de béate autosatisfaction.
Il nous offre Prétextat Tach un tellement vivant, réaliste qu’on n’imagine personne d’autre dans ce rôle.
Il vit dans une sombre bibliothèque où sa fatuité lui permet de joncher sans remords le sol d’extraits des classiques littéraires de ses confrères qu’il expurge à grand renfort de généreux arrachages de pages.
La scénographie d’Elisabeth Schnell est volontairement bancale, comme pour accentuer la frontière scabreuse entre la normalité et la fange répugnante dans laquelle se vautre ce pacha ignoble, outrecuidant ordurier et outrancier.

Il domine son petit monde avec maestria jusqu’à l’arrivée de Nina, la seconde journaliste de la pièce de théâtre.
La jeune femme connaît les 22,5 tomes écrits par le grand maître.
Elle les a lus, étudiés, scrutés de près, pour y découvrir l’inattendu, l’inavoué.
Telle la mangouste, elle tourne autour de cet animal redoutable, toujours hors de portée, le titillant, l’agressant, le fatiguant,pour le pousser dans ses derniers retranchements et lui faire rendre gorge.
Valérie Marchant incarne ce froid prédateur.  Forte de son intime conviction, elle va, à petits coups de pieds rageurs forcer la vérité, mais qui sait … au risque de se perdre ?

Le roman d’Amélie Nothomb n’est qu’un dialogue, qu’une série de duels verbaux.
Les phrases porteuses, raisonneuses, lourdes de sens, alambiquées parfois paraissaient à la lecture difficile à porter à la scène.
Et pourtant, malgré doutes et réticentes, le résultat est là, séduisant, bluffant même par instants.
Si l’on est fascinés, subjugués, comme hypnotisés par la superbe composition et l’interprétation impeccable de Daniel Hanssens, une partie du mérite revient également à d’autres.Hygiène de l'assassin - Théâtre Le Public
Notamment à Philippe Jeusette et Alexandre Trocki, deux familiers de l’univers Nothomb qui signent une fine adaptation théâtrale fidèle et soigneusement calibrée.
La mise en scène de Pierre Santini ajoute la touche finale à un spectacle qui sera un des succès de cette saison.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 04-10-2008
Théâtre Le Public
Print ou PDFPrint ou PDF
Présentation du spectacle :
Résumé :
Hygiène de l'assassin titre>Le célèbre romancier Pretextat Tach, quarante-trois ans, prix Nobel de littérature et auteur de vingt-deux romans, est atteint d'une curieuse maladie incurable. Peu avant sa mort, ce vieil acariâtre misogyne et misanthrope sera sollicité par les journalistes du monde entier, avides du témoignage qui tiendra lieu de scoop à sensation.
L'affiche :
d'Amélie Nothomb
Avec Daniel Hanssens, Vincent Lecuyer et Valérie Marchant
Mise en scène Pierre Santini

Les prochaines représentations :

Et vous... Qu'en pensez-vous ?
 Recommander Hygiène de l'assassin  ?
Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Retour en haut de la page