Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Nos pages Facebook 

Notre critique de Hamlet(s)

Hamlet entre sublime et hallucinant
Hamlet(s) - Rideau de BruxellesLe Rideau de Bruxelles inaugure sa saison et sa nouvelle salle, l’auditorium Paul Willems, avec Hamlet(s).
D’emblée, ce pluriel en étonnera plus d’un.
Hamlet est un héros universel, une mythologie danoise transportée jusqu’à nous sur les ailes shakespeariennes.
Fou de chagrin à la mort de son père, le jeune prince danois rêve que ce dernier crie vengeance envers un fratricide meurtrier.
Songe ou vérité ?
Shakespeare présente son personnage principal en pleine tourmente, comme enlisé entre mélancolie et folie, entre représailles et hésitation.
Doit-il tirer vengeance de son oncle, désormais Roi du Danemark ?
Que doit-il penser de sa propre mère, qui a épouse le supposé meurtrier, son beau-frère, un mois à peine après les funérailles de son défunt premier mari.
Amour ou haine ? 
Texte troublant, Hamlet est rempli de questionnements, de contradictions et d’intrigantes déraisons.
Le metteur en scène belge, Frédéric Dussenne, nous en propose l’exploration sous forme d’une plongée dans l’intime.
Il nous ouvre les portes de l’esprit du jeune prince danois et nous guide dans les circonvolutions sombres et sinueuses de son cerveau torturé.
Quoi de mieux pour débuter ce périple insolite que d’entrer en catimini dans sa chambre, un soir, de s’asseoir à son chevet et ainsi, de pénétrer ses pensées.
La scénographie dépouillée a été imaginée sur ces bases.
Un carré comme espace de jeu, un lit, une lampe.
Une blancheur immaculée, presque obsédante dans la nuit ambiante.
Noir et blanc, les éternels opposants s’affrontent sur ce ring clos par le public, sur un sol ivoirin qui se reflète dans un ciel de nacre.
Bas et modulable, ce plafond, tendu de toile, se haussera ou s’abaissera au fil des tableaux, faisant naître impressions de confinement ou d’ouverture selon l’instant et les états d’âme de ce fils torturé et affligé.
S’insinuer dans l’esprit de quelqu’un est chose rare, fragile, difficile et … inconfortable.
Hamlet(s) de Frédéric Dussenne est à cette image.Hamlet(s) - Rideau de Bruxelles
Debout, les spectateurs reçoivent  ces premières  minutes comme une gifle retentissante et sonore.
Sept comédiens, sept voix, sept visions démultipliées, fragmentées, parcellaires d’un homme et de ses profondes douleurs ricochent, s’entrechoquent, s’interpellent, s’affrontent ou se complètent.
Là où un commence, un autre termine, un troisième mime, un quatrième fait retentir les mots, un cinquième bruite l’ambiance, … .
Le jeu complexe et intense est tout à la fois collectif et singulier, uni et panaché.
L’action est partout et en même temps.
Chaque geste, chaque phrase, chaque cri, chaque larme, chaque souffrance, chaque angoisse éclate, carillonne, résonne, vibre ou rebondit sur les murs de toile, comme amplifiées par l’écho sourd ou vibrant d’une résonance infinie, empreinte de la démente errance d’une pensée, d’un dédoublement de l’esprit, d’un duel intime sans fin, sans vainqueur ni vaincu.
Qu’il soit debout, assis par terre ou sur un des bancs (apportés trop au compte-gouttes, les derniers seulement une vingtaine de minutes avant la fin de la représentation) chacun percevra Hamlet(s) différemment.
Impressif et presque personnel, le spectacle fait appel aux sentiments.
Tourmenté, indécis, hanté, le héros subjugue et impressionne par sa complexité dramatique, sa violence avouée, ses contradictoires hantises, ses mortifiantes frustrations et ses cruelles déchirures.
La mise en scène de Frédéric Dussenne nous emporte dans un maelström dantesque, nous installe sur un infernal manège. 
Spectres, fantômes, cauchemars et passions tourbillonnent et dansent comme une image kaléidoscopique.
L’âme d’Hamlet est l’essence même du spectacle.  Une petite plongée dans le résumé du classique shakespearien est donc peut-être utile (mais nullement nécessaire) pour mieux percevoir toutes les subtilités de la pièce.Hamlet(s) - Rideau de Bruxelles


En guêpière, perruque rousse et bas résilles, en robe de soirée, un crâne pour ballon de football, visages fantomatiques, colériques, outrés, révulsés, pâmés, paniqués, Emmanuel Gaillard, Juan Martinez, Jean-François Massy, Julien Roy, Bernard Sens, Alexandre Tissot, Benoît Van Dorslaer sont un tout, sont uniques et multiples.
Ils dansent, chantent, hurlent, sautent, titubent, culbutent, combattent font ainsi ressentir la beauté et l’odieuse ambiguïté de l’homme.
Ils subliment l’être et le non-être, la vie et la mort, la folie et la raison dans un ensemble d’une complexe ambivalence, tout à la fois trouble et troublante.
Renaud Ceulemans souligne d’un écrin de lumières, subtil et saisissant cet enchevêtrement fiévreux, cet embrasement passionnel, ce déchaînement tumultueux.

Loin du théâtre classique, Hamlet(s) est à expérimenter en toute lucidité, l’esprit ouvert sur un spectacle fort, prenant, bouleversant, volontairement choquant ou outrancier, intimiste et presque surréaliste.
Sa fin brutale après une heure quart seulement est un électrochoc, un trop rude retour à la réalité, alors que le public lui était prêt à continuer ce rêve éveillé, cet hallucinant fantasme.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 02-10-2008
Rideau de Bruxelles
Print ou PDFPrint ou PDF
Présentation du spectacle :
Résumé :
Hamlet(s)titre>Hamlet - Qu’est-ce qu’un homme ? S’il passe Le plus clair de son temps à manger et dormir ?
7.
7 corps.
7 corps d’acteurs.
7 corps d’hommes qui bougent, qui dansent, qui tremblent, qui se battent.
7 corps qui parlent, qui crient, qui chantent.

L'affiche :
D'après William Shakespeare / Texte français William Cliff
Avec Emmanuel Gaillard, Juan Martinez, Jean-François Massy, Julien Roy, Bernard Sens, Alexandre Tissot & Benoît Van Dorslaer.
Mise en scène Frédéric DUSSENNE

Les prochaines représentations :

Et vous... Qu'en pensez-vous ?
 Recommander Hamlet(s) ?
Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Retour en haut de la page