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Notre critique de La Société des loisirs

Cyniquement délicieux
La Société des loisirs
Vous allez bien ?
Oh oui, on est heureux … On est très heureux.
Une réponse anodine, presque passe-partout qu’on tous déjà entendu ou dite.
Le Zut nous propose avec le texte du canadien François Archambault d’aller voir ce qui se cache derrière ces mots rassurants et … menteurs.
Mi-trentaine, Pierre-Marc et Marie-Pierre sont, comme on dit, arrivés.
Maison, piscine, bon job, beau mobilier, bébé, ils sont le reflet parfait du bonheur.
Ils sont beaux, jeunes, riches,…
Mais, très vite, on perçoit les fêlures de cette peinture idyllique.

Ils n’ont plus de temps pour eux-mêmes. 
À force de paraître, ils font du sexe quelque chose de pathétique et mécanique,  parlent d’avortement pour ne pas devoir revivre couches, biberons et nuits blanches,  apportent le caritatif à domicile en adoptant une petite Chinoise,…
Ils se soucient des apparences et du quant dira-ton au mépris de leurs envies propres (il suffit pour cela de voir le décor blanc, presque virginal, très mode et très inconfortable imaginé par Renata Gorka).
Âpre, réaliste et violent, ce portrait cinglant d’un couple coincé dans un carcan de conventions sociales mal assimilées et devenues une prison où chacun erre silencieusement en ruminant inconsciemment ses frustrations n’est pas gratuit et encore moins inconcevable.
Chacun d’entre nous se trimbale son lot d’obligations morales d’être et de paraître à tout prix.La Société des loisirs
Assister en direct à la destruction lente et rieuse (pour le public) du couple est presque jouissif tant involontairement on apprécierait bien parfois de voir nos propres contraintes subir le même sort (sans en payer le même prix).

Ce soir, Pierre-Marc et Marie-Pierre ont invité à souper Marc-Antoine pour lui signifier la fin de toutes relations amicales avec lui.
L’irruption de cet homme libre, dans ses pensées et ses actes, va tout chambouler.
On va voir voler en éclats un cliché social après l’autre : les enfants, le travail, le luxe, le sexe, l’alcool, l’amitié, …
Dans un pétage de plomb général, les trois futurs-ex-amis vont s’empoigner, au propre comme au figuré, s’aimer, se haïr, se mentir, se révéler dans leur sordidité brutale, s‘engueuler, et qui sait … enfin mettre en pratique la maxime de Socrate : Connais-toi toi-même.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ou à découvrir.
François Archambault prend le parti d’en faire rire pour ne pas en pleurer et le Zut fait le reste.
La mise en scène vive et précise de Patrice Mincke crée action, rythme et intensité.
Chaque sentiment prend place dans cette image qui se transforme lentement en poignée de confettis, chaque geste devient une brique de plus dans l’amas de ruines qui s’entassent aux pieds de Pierre-Marc et Marie-Pierre.
Si l’on peut reprocher certains excès dans les personnages, la plupart de ceux-ci sont clairement voulus.
Le trait est forcé, grossi, amplifié pour créer la dimension ridicule qui évite de tomber dans le pathos et qui maintient le public dans un rire salvateur.

Les quatre comédiens se donnent à fond pour donner vie, vigueur et force au texte.
Et ils y réussissent, on y croit, on est captivés, comme subjugués même.
Tout en facettes, Anne-Pascle Clairembourg (Marie-Pierre) passe de la coincée à la timorée, de l’enfant capricieuse à l’aguicheuse d’un clignement de cil.  Superbe prestation !
Stéphane Fenocchi est Pierre-Marc, pitoyablement faible, larmoyant à souhait, l’acteur signe une prestation plaisante.
Florence Leeman, la jeune comédienne est l’amie +, elle donne l’image réussie de l’élément stable, encore vierge de cette course aux apparences.
Dernier membre de ce quatuor presque infernal, Philippe Allard rend très bien les contradictions qui agitent Marc-Antoine, l’homme qui se laisse voir comme libéré des entraves sociales, mais qui est pourtant bien pieds et poings liés face aux conventions.

Moralement, les dernières scènes sont un peu… de trop.
Elles montrent l’évidence, elles détaillent les effets de la destruction.
Loin du rire, elles nous font vivre le douloureux réveil de Pierre-Marc et Marie-Pierre.
Brutal retour à la conscience et à la réalité qui nous renvoie sous les yeux notre propre miroir déformant.
On perd donc l’humour pour une replongée brutale dans une réalité bien concrète… la nôtre.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 22-11-2007
ZUT Zone Urbaine Théâtre
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Présentation du spectacle :
Résumé :
La Société des loisirstitre>En apparence, Marie-Pierre et Pierre-Marc ont tout. Ils s’aiment, mènent chacun une carrière enrichissante, vivent dans une belle maison, ont un enfant et le projet d’adopter une petite chinoise. Et pourtant, cette réussite dissimule un vide abyssal qui prend toute la place en eux et entre eux et qui, le temps d’une soirée va dangereusement fissurer leur bonheur de façade.
L'affiche :
de François Archambault
Avec : Philippe Allard, Anne-Pascale Clairembourg, Stéphane Fenocchi & Florence Leeman
Mise en scène : Patrice Mincke

Les prochaines représentations :

Et vous... Qu'en pensez-vous ?
1  Recommander La Société des loisirs ?
L'avis de Winnie
J'ai vu hier "La Société des Loisirs".
J'ai trouvé ce spectacle navrant de grossièreté et de vulgarité, un texte mauvais, une mise en scène quelconque, des comédiens hurlant sur scène, un humour très lourd et qui ne m'a arraché aucun sourire. ...
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