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Notre critique de Hannah K.

Une salle quasi vide, sombre, froide, presque glaciale.
Une jeune fille parle de sa voisine, une étrange vieille dame, avec qui elle a fini par se lier d’amitié.
La vieille dame est morte, victime du complexe de survie.
Mot étrange, compliqué que la jeune fille va comprendre, apprivoiser en se plongeant dans les carnets intimes d’Hannah K sa voiHannah Ksine.
Ces petits feuillets sertis dans du papier kraft fané, parlent de l’enfance, de l’adolescence, du mariage, de la carrière de l’enfant juive, devenue actrice, amante de Louis Jouvet et enfermée dans le ghetto de Varsovie.
La voix un peu pointue de la jeune voisine, qui restera pour toujours une inconnue, s’adoucit, se feutre, se voile d’émotions.
Elle devient Hannah.  Elle raconte au jour le jour sa vie qui bascule.
L’étoile jaune, les privations, la faim, la peur, la vie à seize dans un deux-pièces, les exactions de la police juive, le marché noir, la mort de sa grand-mère, le typhus, la résistance, les rafles.
Elle parle de son fils, enfant qui tente de survivre dans ce chaos indescriptible, de son mari qui a réussi à garder et travail et sue sans et eau pour leur assurer un maigre revenu, de son père magouilleur et profiteur du système, de Léon Schiller, avec qui elle va essayer d'animer, au sein du ghetto de Varsovie, un "conseil théâtral clandestin", des derniers jours de sa grand-mère.
Avec des mots simples, c’est une voix d’outre-tombe qui se livre sans pudeur, qui égrène les évènements que nous ont appris les livres d’histoire.
Mieux que le meilleur des professeurs, plus vivante, vibrante et réaliste que le plus complet des manuels, Hannah K. distille au jour le jour, les petits faits qui ont marqué les juifs parqués dans le ghetto.
Marianne Epin devient comme un instrument, l’actrice semble s’effacer pour donner la parole à la jeune juive, la presque morte, la condamnée, la victime, la survivante.
La comédienne signe une prestation complexe.
Le texte de Renaud Meyer est une longue succession de dates, de jours qui se ressemblent et qui sont tellement différents. 
Sans aucune transition, Marianne Epin doit passer de la joie de recevoir un colis un jour à la tristesse de voir sa grand-mère mourir le lendemain ou Hannah Kencore sa rage contre son père profiteur éhonté de la misère des autres.
Un rôle très difficile qu’elle maîtrise pourtant.
Et s’il est ardu de maintenir seule et en permanence l’émotion à fleur de peau, Marianne Epin réussit ce tour de force de surprendre et d’émouvoir encore sur un sujet qui semble pourtant connu de tous.
Rabâché ou ridicule diront certains d’encore se plier une fois de plus au devoir de mémoire, mais on ne le fera jamais assez.  Les génocides continuent à se succéder, le silence doit être déchiré et ce n’est qu’à ce prix que demain,peut-être, ne seront-ils plus enfin et à jamais, que de tristes souvenirs.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 18-09-2007
Atelier Théâtre Jean Vilar
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Hannah K.titre>Rescapée de la Shoah et réfugiée à Paris, elle se lie d'amitié avec la jeune Hélène, sa turbulente voisine. Inlassablement, Madame K. raconte, comme pour exorciser le passé détestable. Elle évoque les moments de bonheur, avant le génocide ; comment devenue une actrice renommée elle se déplace à travers l'Europe.
L'affiche :
D'après : Renaud Meyer
Mise en scène et interprétation : Marianne Epin

Les prochaines représentations :

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