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Notre critique de Alberto est Communiste

Alberto est Communiste Un titre presque provocateur pour une remise en question de nos certitudes et de nous-mêmes.
Le décor, un peu comme une bulle, fait de panneaux quasi translucides, est tout à la fois cocon protecteur, lieu d’isolement et d’enfermement.
La meilleure façon de le concevoir est d’imaginer un chou vert qui s’ouvre, écarte ses feuilles pour laisser apercevoir son cœur et se referme pour cacher ses saveurs et ses secrets.
Alberto est communiste s’apparente un peu à cette image.

Nous nous trouvons dans la cour d’un restaurant.
Le chef est un toqué (dans les deux sens du terme ?), un maître, un illustrissime de la gastronomie.
Pour savourer les fruits de son art, pour découvrir ses plats au goût unique et inimitable, il faut réserver des mois à l’avance.
Les clients semblent tous très différents.
Un homme solitaire (Karim Chihab), pris dans les affres de cet isolement forcé, se décrit dans sa peur d’être indiscret, de gêner les autres d’un regard, se protège derrière les pages d’un livre qu’il n’a guère envie de lire pour ne pas paraître curieux alors qu’il a tant à dire.Alberto est Communiste
Un jeune couple (Hanane Anejoui et Laurent Nani) pour qui ce repas constitue un évènement, une occasion majeure.
Une famille (Natascha Sobolewski et Fouad Kouaï) qui attend cette fête des papilles avec un espoir incommensurable
Principalement le père et la mère, car leur fille Marjorie (Dorothée Marichal) paraît bien peu réceptive à ce genre de considérations.
Trois collègues (Claire Van Gheluwe, Nathalie Lecocq et Simon Korn) qui veulent partager ce moment unique tout en évoquant leurs problèmes de travail et la rivalité entre employés (surtout face aux éventuelles restructurations qui s’annoncent).
Pas de restaurant sans serveurs, pour cette tâche obscure et peut-être ingrate, ils seront deux un homme et une femme (Danielle Bailly et Jean-Marc Libral).
Pages stylés, apôtres de la Cuisine, drillés à honorer leur Maître et (saint) patron, des béni-oui-oui qui présentent et cautionnent toutes les idées, innovations et créations de ce dernier (même les plus saugrenues) comme du génie.
Et naturellement, il y a le chef, ce grand monsieur qui … a déserté ses fourneaux !
Est-ce une nouvelle invention, une dernière galéjade, une fuite, un ras-le-bol, peu importe.
Tout l’intérêt d’ Alberto est communiste réside le microcosme que créent les clients.
Jusqu’où iront-ils dans l’acceptation d’un tel délire ?
Alberto est Communiste
Les propos de Pierre Lorquet nous renvoient notre propre image.
 Et tout comme une voiture sans freins, nous nous écrasons droit dans le mur de nos convictions, de nos rituels, de nos acquis.
Son étude soigneuse de l’être humain, de ses aberrations, de ses compromissions, de sa faiblesse, de sa veulerie, de sa propension à être un mouton de Panurge fait ici effet boule de neige, car amplifié par le nombre de convives et le côté biscornu du contexte.
Ce spectacle écrit à plusieurs mains, avec principalement la collaboration des acteurs (professionnels ou non qui interprètent les différents rôles) nous offre un éventail de situations, de considérations, de clins d’œil, d’observations amusantes ou piquantes de l’homme poussé dans ses derniers retranchements.
Impossible de raconter les évènements, mais quand le vernis craque, les fêlures et les fissures apparentes deviennent vite des gouffres.
Du petit dictateur aux pieds nickelés, au manipulateur, du révolté au passif, du stressé à l’incompris, du racisme à la jalousie, de la provocation à la rage, de l’inertie à la dictature, tout y passe, de manière impertinente, endiablée et parfois décapante.

Si les premières minutes peuvent paraître un peu déstabilisantes, le temps de comprendre la situation, la suite se révèle plus qu’intéressante.
Chaque phrase, chaque répartie est un petit bijou et mériterait qu’on s’y arrête rien que pour sa pertinence et sa valeur intrinsèque. (Si l’occasion se présente, n’hésitez pas à lire le livre d’une cinquantaine de pages pour mieux apprécier tout ce dialogue.)
La scénographie d’Olga Tsoraeva fait merveille à concevoir un univers isolé, original, déstabilisant et ludique en même temps.
La mise en scène de Jora Ivanov se joue donc du contexte et tire particulièrement bien avantage du décor et des accessoires pour créer ou accentuer l’ironie ou le drolatique des situations.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 23-05-2008
Espace Théâtral Scarabaeus
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Alberto est Communistetitre>Vous pénétrez en ce lieu comme dans un temple. Ici, tout repas est une chorégraphie, où chaque client reçoit un rôle à sa mesure, intégrant le spectacle, qui dès lors se donne pour personne, en apparence…Mais le secret du chef est tout autre. Aux rares privilégiés qui ont pu recueillir ses confidences, le chef n’a parlé que d’amour
L'affiche :
dePierre LORQUET
Avec : Danièle Bailly, Jean-Marc Librale, Simon Korn, Claire van Gheluwe, Nathalie Lecocq, Natascha Sobolewski, Fouad Kouaï, Dorothée Maréchal, Hanane Anejoui, Laurent Nani, Karim Chihab
Mise en scène : Jora IVANOV

Les prochaines représentations :

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