Deux hommes et quatre femmes sont en déroute psychologique.
Derrière leurs cris, leurs souffrances morales, leurs interrogations, leurs remises en question, c’est notre petit monde qui ne tourne pas toujours très rond qui est remis en question.
Ce sont nos idées fixes, nos principes, nos préjugés qui sont battus en brèche, par l’humour et par le rire.
Car derrière le sérieux d’un propos qui en taraude plus d’un, inconsciemment, dans cette série de saynètes qu’ils vont nous interpréter, ce sont des instantanés de vie, de cruelles interrogations sur l’homme (ou la femme) et les ressorts qui les motivent.
Quasi chaque thème est pertinent, soigneusement étudié et parfois interpellant.
Mais comme de juste, pour mieux faire passer le message, c’est par le rire d’une basse-cour en délire qui caquette à l’envi, secoue plumes et crêtes, monte sur les ergots se la joue petit coq de combat ou fragile Calimero, picore, glousse, piaille ou pinaille le bout de ver qu’Odile Ramelot et Michaël Manconi ont choisi de nous surprendre.
Chaque petit sketch s’entoure d’un épisode musical rythmé qui donne un entrain et un joli côté kitch au spectacle.
Si cette manière de concevoir et de créer des intermèdes surprend de prime abord, elle amuse ensuite et fait même franchement rire dans ces volatiles d’un soir sont drôlement caricaturaux, généreux dans leur jeu et leur dynamisme et leur entrain contagieux.
On déplorera certaines lourdeurs par instants et l’un ou l’autre texte moins compréhensible.
Si l’on peut trouver à redire sur les sujets choisis, parfois trop évidents ou clichés, on en appréciera le traitement pointu et délicieusement ironique.
On gardera surtout en mémoire cette mise en scène originale qui transforme des échafaudages en manège, chambre, salon, toilettes, poulailler ou chambre d’isolement psychiatrique et désormais le caquètement des poules s’accompagnera dans beaucoup d’esprit d’une musique rythmée et de lumières scintillantes.
De manière régulière, une visite au Café Théâtre de la Toison d’or s’impose, car il se révèle un vivier de jeunes talents.
Nous avions déjà pu y apprécier Julie Duroisin, Michaël Manconi et Odile Ramelot dans Page Blanche.
C’est donc un plaisir de les retrouver aux côtés de Julie Lenain, Jean-François Breuer et Amélie Saye.
De bien drôles de jeunes poussins à découvrir et éventuellement à dévorer… du regard seulement.
Muriel Hublet |
Dans psychose, il y a psy et il y cause.
