Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Nos pages Facebook 

Notre critique de La Nostalgie de l’avenir

La Nostalgie de l’avenir  La Mouette de Tchekhov est un véritable classique.
Comme il se doit, il a été joué, rejoué et archijoué.
Il a connu de multiples adaptations, des interprétations très diverses et des mises en scène plus que variée.
Quand Myriam Saduis annonce revisiter l’œuvre et la rebaptiser La nostalgie de l’avenir, il serait réducteur de soupirer… une de plus.
Sa vision recentrée sur la famille et les relations houleuses entre ses membres est captivante et nous fait découvrir autrement le caractère des protagonistes.
Myriam Saduis a retravaillé le texte, l’a raccourci en le centrant sur six personnages seulement. 
Pour mieux nous faire percevoir les dissensions, les motivations, les ressentiments et toutes les blessures que l’on peut infliger aux autres avec des mots trop vite prononcés ou des silences trop longs, elle modifie la chronologie du récit, faisant du suicide de Kostia le début de la représentation.
Chacun va ensuite fouiller sa mémoire pour tenter de comprendre l’incompréhensible.

En commençant à rebours, le public n’est plus le spectateur d’une histoire, pris à la gorge par l’émotion de certaines scènes, mais un enquêteur à la recherche d’une vérité.
Kostia, Irina, Petra (une adaptation du personnage de Piotr,le frère d’Irina), Nina, Trigorine et Dorn sont explorés différemment avec plus de recul, de détachement et leurs personnalités s’éclairent d’un jour nouveau et révèlent clairement les fêlures que l’on devinait dans La Mouette.

Sous la houlette de Myriam Saduis, Florence Hebbelynck est Irina,  l’actrice adulée, qui s’est battue pour arriver au sommet de la gloire, la mégère égoïste qui vit pour ses besoins et ses plaisirs, qui ne supporte pas le succès des autres, la solitaire qui cherche dans l’affection futile un substitut aux sentiments qu’elle-même ne sait guère exprimer. Sa fragilité se révèle fugacement, comme devant à la trahison de Trigorine (François Demoulin) où on la perçoit prête à tout pour une parcelle d’amour.
Petra (Tessa Volkine) représente une figure maternelle, une sorte d’ancrage pour Kostia, mais aussi une femme  frustrée, restée seule, sans personne sur qui déverser son trop plein d’amour.
Le côté éthéré trop souvent donné à Nina s’apparente beaucoup plus dans La nostalgie de l’avenir à de la naïveté.
Aline Mahaux oscille entre l’égarement d’une enfant un peu simplette et la fragilité d’un éphémère qui se brûle les ailes à la vie.La Nostalgie de l’avenir
La nonchalance du Docteur Dorn (Fabrice Dupuy) s’efface ici pour laisser la place à plus d’affirmation.
Sous les traits de Pierre Verplancken, Kostia quitte ses airs d’éphèbe délicat pour devenir un artiste tourmenté, un grand adolescent un peu pataud, qui intériorise toutes ses détresses, dont son besoin d’amour et de reconnaissance.

Si Myriam Saduis met en avant la relation mère-fils, elle interpelle aussi sur la difficulté d’être un précurseur, de vouloir révolutionner les classiques, de faire de l’Art autrement.
On ne peut que saluer son travail d’écriture, on ne perçoit ni les coupures, ni les modifications, ni les insertions d’autres textes.
Tout coule et s’écoule comme ces flocons jaunes (élément central de la scénographie épurée d’Anne Buguet), sorte des fragiles instants qui restent collés aux êtres comme autant d’invisibles traces, de bribes de souvenirs gravés dans la mémoire.
Un spectacle prenant, captivant, qui ne fait jamais redite ou redondance même aux familiers de La Mouette de Tchekhov, mieux qui en offre une vision et une perception totalement différentes.
La nostalgie de l’avenir explore, avec beaucoup de profondeur et de pudeur, les passions humaines.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 12-01-2012
Théâtre Océan Nord
Print ou PDFPrint ou PDF
Présentation du spectacle :
Résumé :
La Nostalgie de l’avenirtitre>Après Affaire d’âme d’Ingmar Bergman, Myriam Saduis présente son nouveau projet : La nostalgie de l’avenir, une adaptation de La Mouette de Tchekhov.
L'affiche :
D'après la Mouette d'Anton Tchekhov
Avec Nathalie Rjewsky, Aline Mahaux, Tessa Volkine, François Demoulin, Fabrice Dupuy, Pierre Verplancken
Mise en scène, adaptation Myriam Saduis
Nathalie Rjewsky remplace Florence Hebbelynck.
Gageons que cela ne modifie en rien la qualité du spectacle.

Les prochaines représentations :

Et vous... Qu'en pensez-vous ?
5  Recommander La Nostalgie de l’avenir ?
Retour à la page précédente
Retour à la page d'accueil
Nous contacter
Retour en haut de la page