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Notre critique de Une laborieuse entreprise

Une laborieuse entrepriseUn homme et une femme.
Un couple.
Trente ans de vie commune et …
Le temps a passé.
Les sentiments se sont usés, sans cesse confrontés à la routine d’un quotidien banal et ronronnant.
Mais cette nuit, face à un bilan personnel décevant pour ne pas dire négatif, Yona Popokh explose.
Il veut tout raser, recommencer à zéro.
À l’heure de cette prise de conscience, il trouve en son épouse Léviva une responsable idéale à son mal-être, à l’accumulation des rêves déçus et à sa taraudante perception de sa médiocrité.
Cruellement, il l’accuse avec des mots virulents et blessants.
Il s’en délecte et semble même y puiser la force nécessaire à sa remise en question.

Mortifiée, celle-ci n’a nullement l’intention de se laisser quitter sans se battre et ni sans recevoir la moindre ébauche d’explications.
Après s’être dévouée pendant des années à subir l'inconsistance d’une vie commune insipide, elle refuse de devenir une femme abandonnée, une délaissée, une solitaire.
Derrière le propos caustique et vitriolé de cette scène de ménage, c’est la solitude qui est mise en avant.
Cette thématique se perçoit avec bien plus d'acuité quand surgit Gounkel, un voisin curieux et envahissant, qui profite de trouver encore de la lumière chez les Popokh pour tenter de rencontrer enfin une oreille compatissante où il pourra, tout son saoul, dévider le flot bileux de son amertume.
Hanokh Levin épingle le pathétique de ces petites vies étroites, de ces êtres recroquevillés, apeurés et désespérément seuls face à l’inéluctable mort.
Il plonge sa plume acérée au tréfonds des cœurs et des âmes et en expurge lâcheté et veulerie.
Derrière son propos caustique et cynique, au-delà de certaines scènes quasi burlesques, ses personnages sont prêts à la moindre compromission pour meubler leur solitude ou enjoliver leur terne bilan existentiel.
Noirs de noir, ses mots étalent en pleine lumière la profonde complexité et la désespérance de l’être humain.

La mise en scène de Christophe Sermet place les comédiens sur une estrade, que d’un pas hardi on transformera, en esprit, en une sorte de ring où tous les coups sont permis, même les plus bas.
Si Anne-Claire et Benoît Van Dorslaer (Gounkel) jouent avec beaucoup de reliefs et de force, Philippe Vauchel (qui remplace avec brio et au pied levé Bernard Sens) insuffle à Yona la fragilité, l’écœurement et l’abattement propre à un homme au bout du rouleau.  Une laborieuse entreprise

Une laborieuse entreprise, spectacle moins rieur que d’autres textes Hanokh Levin, gagne ici en portée morale et en subtilité psychologique.
 Il nous offre des abîmes d’introspection méditative sur le couple, le vieillissement, la solitude et l’usure du temps et portera bien plus à réflexion que certains de ses autres écrits.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 24-04-2010
Rideau de Bruxelles
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Une laborieuse entreprisetitre>Quelque part dans l’univers, au coeur de la nuit, un homme a les yeux grands ouverts sur ce qu’a été sa vie, laborieuse entreprise devant l’éternel.
Crise d’angoisse existentielle ou accès de lucidité, il renverse brutalement le matelas qu’il partage depuis toujours avec Leviva, sa moitié, son fardeau, son âme soeur, sa compagne de galère.
L'affiche :
D'après un texte de Hanokh Levin
Avec Anne-Claire, Philippe Vauchel et Benoît Van Dorslaer
Mise en scène Christophe Sermet

Les prochaines représentations :

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