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Notre critique de Prométhée enchaîné

Prométhée enchaînéLe Théâtre des Martyrs, pour sa rentrée, nous plonge donc dans la mythologie grecque en mettant à l’honneur la tragédie d’Eschyle.

Une superbe scénographie faite d’un escalier d’acier monumental, représente le sommet infernal du  mont Caucase où Prométhée s’est retrouvé enchaîné, condamné au supplice éternel par Zeus.
Son seul délit a été d’offrir aux hommes le secret du feu, jusque-là réservé aux Dieux.  Il est venu en aide aux hommes, au mépris de la colère de ses pairs.  Très justement surnommé Le Prévoyant, il sait que l’avenir réside dans une humanité encore balbutiante, il n’ignore rien des dérives qui pourtant en naîtront, il sait pertinemment qu’il n’y a jamais de bien sans mal, que le feu nécessaire pour cuire les aliments servira aussi à forger les armes, que tout progrès à son revers.
Il dévoilera, dans de longs monologues, sa triste condition, mais aussi son espoir dans l’avenir, là où un jour il sait que Zeus sera renversé et que lui sera libéré de ses entraves.

Le Prométhée version Daniel Scahaise - sous les traits de Christophe Destexhe, les cheveux longs, la barbe naissante, une sorte de pagne lui ceignant les hanches, une plaie au flanc (là où l’aigle lui mange chaque jour son foie qui repousse chaque nuit) -  est très christique. 
Voir à ses pieds le choeur des Océanides le baigner, le plaindre et pleurer sur son sort ou apparaître suspendu dans le ciel Hermès (Stéphane Ledune), le messager des Dieux, tout de blanc vêtu ne font que renforcer cette impression d’entrevoir l’image du Messie.

Daniel Scahaise insuffle beaucoup d’inventivité dans sa mise en scène originale qui tente d’animer les longs monologues (un pari très souvent réussi).Prométhée enchaîné
Voir Héphaïstos le  forgeron boiteux, sous les traits de Jaoued Deggouj, renâcler à l’idée d’être l’instrument de la vengeance de Zeus est un régal.
Voir surgir Bernard Marbaix en Océan, drapé dans une longue tunique bleue, la poitrine enfermée dans une armure vert de gris surprend.
Voir les Océanides (une quinzaine de jeunes femmes dont Hélène Theunissen,  Delphine Bertrand,  Isabelle De Beir, Julie Duroisin,  Sylvie Perederejew, Julie Quiriny, Babetida Sadjo), en longues robes de soirée d’un superbe camaïeu bleuté, monter à l’assaut de la terrible montagne de fer, onduler de marche en marche, illuminer de flambeaux est visuellement très séduisant.
L’introduction de Jean-Henri Compère (qui modèle une statuette d’argile en rappel à la légende qui dit que Prométhée aurait créé l’homme ainsi) et Laurent Tisseyre semble elle, en comparaison plutôt terne.
L’apparition d’Io (Dolorès Delahaut), la jeune mortelle, changée en génisse est remarquable.  Elle demande, à nouveau, une certaine connaissance de la mythologie grecque pour pouvoir apprécier l’excellente prestation de l’actrice dans ses gestes très bovins et son phrasé beuglant.
Une prestation étonnante qui est, c’est dommage, en partie étouffée par la musique.
Celle-ci, écrite par Pascal Charpentier estProméthée enchaîné omniprésente et jouée en directe.  L’auteur luxembourgeois a choisi les percussions pour marquer et souligner l’action et la flûte, poignante et mélancolique pour intensifier les sentiments.

Daniel Scahaise réussit donc le tour de force de faire de son Prométhée enchaîné un spectacle séduisant.
On regrettera que ce résultat ne soit pas constant et comporte quelques moments moins visuellement animés qui donc paraissent un peu longuets.
Un petit bémol, que ces quelques faiblesses, qui entachent quelque peu un ensemble qui sinon aurait marqué d’une magnifique pierre blanche le retour sur nos scènes de la tragédie antique.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 19-09-2007
Théâtre des Martyrs
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Prométhée enchaînétitre>Avec Prométhée, le mythe s’offre avec grandeur et vérité et l’être humain explore ses origines. De quelle humanité sommes-nous capable? Prométhée enchaîné est un théâtre du corps, du verbe, du foisonnement et de la passion à l’image de Théâtre en Liberté et des ses acteurs.
L'affiche :
De Eschyle adaptation d’Henry Bauchau
Avec : Delphine Bertrand, Jean-Henri Compère, Isabelle De Beir, Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Christophe Destexhe, Jean-François Dossogne, Julie Duroisin, Stéphane Ledune, Bernard Marbaix, Sylvie Perederejew, Julie Quiriny, Pierre Quiriny, Babetida Sadjo, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre,... et un choeur de 15 jeunes comédiennes
Mise en scène & scénographie : Daniel Scahaise

Les prochaines représentations :

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