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Notre critique de L'Arbre de joie

La vie et la mort, entre universel et personnel
Arbre de joieLa grande faucheuse est souvent présente sur les scènes de théâtre.
Meurtre fratricide, inguérissable blessure récoltée sur le champ de bataille, suicide grandiloquent, conséquence de l’âge, SIDA mais rarement y évoque-t-on le cancer.
C’est pourtant le thème qu’a choisi l’auteur français Louis-Michel Colla (Le sixième ciel - Accords parfaits).  Pour en parler au mieux, réalistement et sur le ton le plus juste possible, il cosigne le scénario avec le cancérologue David Khayat.
Sujet toujours tabou aujourd’hui, l’insidieux crabe qui ronge silencieusement de l’intérieur devient une comédie dramatique qui prône la vie et l’espoir et interpelle sur la maladie, ses traitements, l’éthique médicale et le respect de la qualité de la vie.
Marie (superbe et douloureusement lumineuse Stéphane Excoffier) traîne sa sentence de rémissions en chimio.  Cette fois au bout de six ans de lutte, il semblerait que la pharmacopée soit épuisée, que l’échéance finale soit désormais très proche.
Elle est traitée dans le service du Professeur Lacombe (comme toujours impeccable Alexandre von Sivers), médecin et chercheur qui a connu uArbre de joiene période de gloire éphémère lors de la découverte d’un produit miracle qui s’est révélé très vite bien peu efficace.
Revanchard, il cherche depuis à redorer son blason, terni par cette erreur médicale et médiatique.
Cynique, manipulateur et profiteur, il ne reculera devant rien, pour gagner aide et soutien (presque) inconditionnel de ses deux assistants.
Le portrait de la pièce ne serait pas complet si on omettait de mentionner une liaison entre ces derniers, et l’amour secret que porte Sibony (bien agréable  Serge Demoulin) à sa patiente Marie et sa relation avec sa collègue Haidé.
Étrangère, la jeune doctoresse (une Myriem Akheddiou d’une très juste sobriété), élève, seule, son fils et surtout tente d’obtenir vainement jusqu’à présent ses papiers et la légalisation de son diplôme.
Avec une telle présentation, inévitablement on risque de tomber dans les passions et atermoiements dignes de La clinique de la Forêt Noire ou les rebondissements médicaux comme dans la série Urgences.
Heureusement, ces mélodrames faciles nous seront évités et nos craintes se révéleront vite sans fondement.
Le propos, ici, se veut plus subtil et profond.
Il joue sur une gamme d’oppositions : l’éthique thérapeutique et le droit à la vie ; l’importance de sa qualité et le prix à payer pour guérir;  la vérité à dire au patient et la nécessité du silence ; l’expérimentation, ses risques et son utilité,  l’espoir et la résignation ; la mort et l’avenir de ceux que l’on va laisser derrière soi.
Si sur scène ces thèmes s’opposent, s’entrechoquent et se déclinent entre rires et larmes, le principal combat est intime.
Il n’y a aucune unanimité face à l’inéluctable, chacun a ses convictions personnelles, son vécu, ses tabous et sa propre vision.
Une fois le rideau retombé, les impressions divergeront en tous sens.
Ravissement, émotion, bouleversement, tristesse, dépit, mais jamais d’indifférence.
Chaque perception de cet Arbre de joie est très différente.

Et pourtant tous s’accordent sur une chose : les comédiens servent merveilleusement le texte.
Le consensus approbateur serait peut-être plus unanime si la mise en scène d’Oliver Coyette ne laissait pas tant de places aux manipulations la lourde scénographie de Fabien Teigné.
Tout permet supposer que dans leur envie de décloisonner le spectacle, de ne pas créer un huis clos trop pesant, les deux hommes sont tombés dans l’excès inverse.  Le décor composé de quatre caissons mobiles devient tour à tour bureau, couloir, cabinet de consultation, chambre d’hôpital …
Idée éventuellement louable donc, mais qui oblige à de longues manœuvres pour des régisseurs de plateau, vêtus de noirs, qui, au rythme d’une série de lents morceaux classiques, manipulent les diffArbre de joieérents éléments avec toute la gravité silencieuse d’ordonnateurs de pompes funèbres.
Si l’on évacue le volet macabre persiste un très net agacement qui fait perdre le fil du récit, éteint l’émotion du tableau précédent et en balaie toute l’intensité.
Le regard s’attarde alors sur les petites erreurs de cette première, les détails négligés et les invraisemblances.
Si ces derniers points se corrigeront vite, il ne reste qu’à espérer que la mise en scène s’allège pour permettre de mieux percevoir, sans distraction extérieure, la beauté du texte, sa portée, son extrême et pertinente sensibilité.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 08-08-2008
Festival Royal de Théâtre de Spa
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Présentation du spectacle :
Résumé :
L'Arbre de joietitre>Amour et éthique
Un professeur met au point un nouveau traitement contre le cancer à partir d’extraits d’un arbre chinois dit « de joie ». Pour reconquérir sa notoriété entachée d’une erreur médicale, il rêve de présenter au monde entier ce médicament révolutionnaire.
L'affiche :
De : Louis-Michel Colla, David Khayat
Avec Myriem Akheddiou, Serge Demoulin, Stéphane Excoffier, Alexandre von Sivers
Mise en scène : Olivier Coyette
Scénographie de Fabien Teigné

Les prochaines représentations :

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