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Notre critique de L'Aiglon

Impérial classicisme pour un incontournable spectacle
L'AiglonFils de Napoléon Bonaparte, François est né Roi de Rome.
Son père battu, la coalition des vainqueurs confie l’enfant à sa famille autrichienne.
Si la loi des armes a vaincu les Français, leur cœur n’en demeure pas moins républicain ou bonapartiste.
Le peuple accepte mal d’avoir à nouveau un roi Bourbon sur le trône.  L’Aiglon, même enfant reste donc un symbole tenace dans beaucoup d’esprits et présente ainsi un danger permanent.
Pour limiter tout risque de révolte ou d’incitation à un retour en France, le garçonnet a grandi dans un isolement psychologique.
On a éloigné de lui l’ombre écrasante d’un père prestigieux.  Ses professeurs ont passé sous silence l’histoire de France, celle de la république, et naturellement le bonapartisme, comme d’ailleurs tous les autres éléments qui auraient pu faire du jeune héritier une menace potentielle.
Écarté par les vainqueurs de la succession, François a été rebaptisé Franz.  Ses titres français lui ont été retirés et il a été nommé par son grand-père duc de Reichstadt.

L’Aiglon d’Edmond Rostand, créé en 1900, romance cette vie méconnue et étouffée.L'Aiglon
Il nous fait voir Franz vers l’âge de vingt ans.
Sa pièce en vers, en six actes, sa quarantaine de personnages, ses nombreux figurants et avec plus de cinquante scènes à son programme est une grosse machinerie théâtrale à mettre en mouvement.
Rarement joué donc, ce choix d’Yves Larec se présente comme un fameux challenge.
Parvenir à adapter, à raccourcir, à cadrer l’œuvre dans un format acceptable pour un public actuel, et ce, sans rien perdre de la substance, la quintessence propre au texte d’Edmond Rostand.

Pari plus que réussi pour Yves Larec et toute la troupe du Théâtre du Parc.
Il nous fait admirablement renouer avec le classicisme dans tout l’agréable de son traditionalisme.
Rien n’a été remodelé ou modernisé.
Les décors, modulables sont à l’ancienne, majestueux et de toute beauté.
Thierry Bosquet signe là un travail superbe de conception.
Il donne cachet et faste, dans le mobilier, comme dans les costumes, à la cour autrichienne et à l’entourage du duc de Reichstadt.
Si Yves Larec a bien été obligé de réduire tirades et tableaux (désormais 3h15, entracte compris), il l’a fait à coups de gomme précautionneux, presque amoureux même.
Sans déséquilibrer l’œuvre aucunement, il préserve (amplifie ?) son intensité romantique et son émotivité.

Derrière cet énorme coup de chapeau à une payante audace scénique (hélas trop rare sur nos planches); il faut encenser le travail de metteur en scène que signe également le directeur du théâtre du Parc.
Il insuffle à ce drame, tout à la fois historique et intime, une force passionnelle remarquable.L'Aiglon
Il a choisi d’offrir le rôle principal au tout jeune Julien Vargas.
S’agit-il d’une confiance immodérée et méritée ou d’un excellent pressentiment sur l’étendue du talent du comédien ?
Quelle que soit la réponse à cette question, le résultat est époustouflant.
Julien Vargas joue merveilleusement un registre complexe de sentiments.
Tantôt flamme chatoyante et vibrante, tantôt fragile papillon, damoiseau mélancolique, enfant candide et rêveur, idéaliste, incompris, révolté, malade, son duc de Reichstadt est subtil et envoûtant.
Il captive tant et si bien qu’on ne sent pas le temps passé, que ces trois heures ne paraissent pas une minute longuettes.
Derrière la performance de Julien Vargas, il ne faut pourtant pas oublier les autres acteurs.
Yves Claessens en grenadier Flambeau s’offre un rôle d’une truculence incomparable et apporte à la pièce la petite touche d’humour qui permet d’adoucir l’impact poignant de certaines scènes.
Jean-Claude Frison est un Metternich glacial et caustique à souhait, Jean-Paul Dermont (l'Empereur Franz) est un grand-père dramatiquement coincé entre l’amour qu’il porte à son petit-fils et la raison d’État.
La grâce féminine n’est pas absente avec Cloé Xhauflaire (l'Archiduchesse et tante de l’Aiglon), Micheline Tziamalis (la rebelle Comtesse Camerata), Nicole Colchat (Marie-Louise, la mère inattentive, distante et pourtant aimante).

L’Aiglon se révèle être l’incontournable spectacle de ce début de saison.
Que l’appellation théâtre classique ne fasse reculer personne.
Cette pièce de théâtre porte haut et fort ce titre prestigieux.
La présentation qu’en fait le Théâtre du Parc lui confère une originalité fastueuse et insuffle une éternelle jeunesse aux mots d’Edmond Rostand.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 30-09-2008
Théâtre Royal du Parc
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Présentation du spectacle :
Résumé :
L'Aiglontitre>Fils de Napoléon Bonaparte et de la fille de l’Empereur d’Autriche, Marie-Louise, l’Aiglon a 20 ans quand la pièce commence ; nous sommes en 1830. Quinze ans ont passé depuis Waterloo. François, baptisé Roi de Rome par son père, est devenu après la défaite, Franz, Duc de Reichstadt. Il a été élevé à la cour de Vienne, ses valets sont des policiers, l’histoire de son père lui est soigneusement dissimulée, du moins le croit-on dans son entourage…
L'affiche :
Drame de Edmond Rostand, adaptation Yves Larec
Avec : Julien Vargas, Jean-Claude Frison, Yves Claessens et, par ordre alphabétique, Romain Barbieux, Marjorie Berger, Nicole Colchat, Catherine Cornil, Olivier Cuvellier, Jean-Paul Dermont, Marc De Roy, Zouheir Farroukh, Robert Guilmard, Jérôme Lerot, Cédric Lombard, Michaël Manconi, Jacques Monseu, Isabelle Nasello, Françoise Oriane, Benoît Pauwels, Julie Quiriny, Robert Roanne, Mélanie Robin, Martin Swabey, Julien Stroïnovsky, Lucas Tavernier, Micheline Tziamalis, Cloé Xhauflaire.
Mise en scène: Yves Larec.

Les prochaines représentations :

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