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Notre critique de Minetti

Minetti - Théâtre NationalUne scène étrange qui nous plonge dans un monde légèrement avant-gardiste.
Nous sommes dans le hall d’un hôtel rempli de distributeurs de toutes sortes : champagne, bière, médicaments, masques et cotillons.
L’exemple flagrant d’une société axée sur une consommation poussée à outrance.
Le sempiternel juke-box est remplacé par un guitariste installé dans ce mélange de cabine téléphonique et de machine à boisson.
Le service d’étage absent n’est qu’une voix anonyme qui sort d’un haut-parleur.
Les chambres ne sont que des espèces de niches très ressemblantes à un tiroir de morgue.
Une suggestion voulue sur un des thèmes de Minetti ?   Peut-être.

L’homme est âgé, usé.  Il débarque dans cet hôtel pour une rencontre de la dernière chance, un soir de Saint-Sylvestre.
Acteur encensé et adulé à une époque, Minetti est tombé dans l’opprobre et l’oubli.  On lui propose de reprendre son rôle fétiche, Lear, 30 ans après sa dernière apparition sur scène.
Il est seul, bavard, et va se livrer petit à petit à une inconnue, une jeune fille paumée, qui noie dans l’alcool sa solitude et sa vaine attente d’un amoureux qui ne viendra pas.
Dans une sorte de litanie, entre confidences et délivrance exutoire, entre aveux et radotages, il dévoile son douloureux passé, sa foi dans son métier, sa vocation, son destin de … comédien.
René Hainaux, avec fougue, emphase, conviction et l’œil pétillant, nous parle de l’art théâtral, de la dramatique (et d’un drame en particulier, le sien), de la comédie et décrit l’univers des acteurs.
Considérations d’un vieil homme à quelques pas de la mort, paroles d’un artiste qui a tout sacrifié à ce qu’il considérait comme son art, son devoir, son apostolat, il parle de la pression du public.   Il se compare à un funambule des sentiments ou à un terroriste des émotions.
Il dévoile ses échecs, ses ambitions.
Il règle ses comptes, égaré par sa gloire passée et aigri par ses ressentiments.
Il se dit victime, piégé par les spectateurs et l’omnipotence du monde de la scène.
Malgré tout, il reste présomptueux, rêvant à nouveau d’une reconnaissance qu’il estime méritée, quasi un dû.
Minetti - Théâtre National
Si le texte peut parfois être d’un abord difficile, il reste un moment de théâtre assez inoubliable.
On déplorera sa complexité qui fait parfois perdre le fil du récit, pour simplement applaudir les acteurs et l’originalité de la mise en scène de Lorent Wanson.
Superbement interprété par René Hainaux, ce Minetti a une force et une présence incroyable.  A 88 ans, il signe une fameuse prestation et une performance pas seulement due à son âge, mais aussi à la qualité indéniable de son travail et à l’émotion permanente qu’il dégage.  
Magali Pinglaut est étonnante dans un rôle peu parlant, principalement fait d’attitudes et de gestes.  Elle joue sur la harpe de l’émotivité et prend le public aux tripes dans son chant final qui étreint, soulève et empoigne dans un hymne à la vie, à la mort et à l’espoir.
Un moment unique, une communion, un partage rare, à découvrir et à savourer.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 22-02-2007
Théâtre National
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Minettititre>Certains attendent le train, d’autres Dieu ou Godot. Minetti, lui, attend, dans un hôtel d’Ostende, un soir de Saint Sylvestre, un directeur de théâtre. Il va jouer le roi Lear. Une dernière fois. Le rôle dont tout vieil acteur rêve. Depuis trente ans, il n’a plus joué, n’est plus monté sur une scène. Il ne voulait plus du vieux monde, de la littérature classique. Il rêvait d’un autre monde, d’une littérature nouvelle. Dans sa valise, la chose la plus précieuse qu’il possède : un masque.
L'affiche :
De Thomas Bernhard
Interprétation : René Hainaux, Magali Pinglaut, Dany Guitare, Bérengère Deroux
Mise en scène de Lorent Wanson

Les prochaines représentations :

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