Jusqu’au bout du rêve…

Il y a sept ans, en bord de Meuse, Didier Hodiamont en regardant une péniche s’élever dans l’écluse a eu la vision d’un piano gigantesque.
La bribe de songe est devenue projet.
Loufoquerie d’un original !
Entêtement d’un illuminé !
Didier Hodiamont en aura entendu bien d’autres pendant ces années de pérégrination sur les chemins du marchandage, son dossier à la main, tentant de convaincre décideurs et investisseurs de sa crédibilité, de sa sincérité.
L’ampleur du projet, sa thématique de la musique, son orientation philosophique clairement inspirée par les valeurs du partage, de l’écoute, du respect et de l’intergénérationnel non certes guère aidé à lui ouvrir les portes, que du contraire.
L’an dernier, quasi à la même date, nous étions réunis, à Anhée, en bord de Meuse, sur une plage créée pour l’occasion pour une journée de présentation avec lancement de la bande dessinée et une très courte ébauche du spectacle.
Pour beaucoup, Piano-Plage était une découverte, un OVNI culturel, trop souvent seul Martin Luther King a encore le droit de dire I have a dream, et là un petit Belge osait un truc impensable.
Aujourd’hui, un an plus tard le sable et les transats attendent toujours les promeneurs, attirés par le phare géant au pied duquel sont regroupés (sur deux hectares et demi) une série de tentes (animations et buvette), une guinguette de bois et un immense chapiteau (75 m de long, 3000 m).
Ce dernier peut accueillir chaque soir 1500 spectateurs, avec une scène de 23 mètres d’ouverture.
Pari fou, pari tenu.
Dreams are his reality !
Sur scène, dix-neuf comédiens et danseurs, deux orchestres live et quelques figurants vous proposent une comédie musicale de deux (entrecoupé d’un entracte d’une vingtaine de minutes).
Reste à prouver la rentabilité du projet spectacle (plus de 12000 places sur les 18000 disponibles sont déjà vendues), à le faire tourner ce qui ne devrait pas être trop difficile, au vu du résultat scénique et des réactions du public, avant d’aborder le quatrième volet du rêve de Didier Hodiamont, le parc d’attractions.

Sept ans, est-ce beaucoup ou est-ce peu pour arriver à un tel résultat ?
Difficile peut-être de le dire au soir d’une victoire.
Bien que victoire ne soit un mot plein d’amertume dans la bouche d’un homme qui rêve belge, wallon et namurois quand il est forcé de constater (comme beaucoup d’autres entrepreneurs avant lui) que faute d'un sérieux coup de pouce régional, la prochaine étape de Piano-Plage pourrait bien se trouver outre-Quiévrain.
Mais comme dit le proverbe… Nul n’est prophète en son pays
Hélas, trois fois hélas pour nos artistes et nos talents.