La colère de Ludd,
Intitulée La colère de Ludd, la nouvelle exposition du BPS22 rassemble une
quarantaine d'oeuvres récemment acquises par la Province de Hainaut et, pour la
plupart, encore jamais exposées en ses murs. Au départ de la notion de
dépossession, les oeuvres choisies expriment des expériences de déracinement,
d'occupation, de destruction, d'épuisement mais également de résistance et
d'attachement. L'exposition évoque ainsi de manière poétique, romantique,
politique, parfois cruelle, différentes situations de dépossessions que l'être humain
peut être amené à vivre de manière plus ou moins consciente.
Le titre de l'exposition, La colère de Ludd, est emprunté à un livre de Julius Van Daal. L'auteur
y narre comment, en pleine révolution industrielle anglaise, sous la direction d'un mythique
général, Ludd, des ouvriers insurgés s’opposèrent au progrès technique par la destruction
de machines. Leur révolte apparaît comme une forme d'action politique contre ce qu'ils
vivaient comme une dépossession de leur savoir-faire, de leurs droits, de leurs biens, de leur
existence. Partant de ce récit et d'un corpus d’oeuvres donné, l'exposition propose une
interprétation libre de différentes formes de dépossession, mais également de résistance à
celles-ci.
Rassemblant principalement les dernières acquisitions de la collection de la Province de
Hainaut et du BPS22 dont le Musée est dépositaire, l'exposition se déploie dans les deux
salles principales du BPS22. Elle rassemble des artistes hainuyers-ères, belges et
internationaux, aux médias (peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation, tapisserie,
etc.) et esthétiques parfois très différents, dont les oeuvres mettent en évidence une
multitude de dépossessions, souvent violentes, parfois volontaires. Ils et elles évoquent la
façon dont les corps humains sont instrumentalisés à travers l'esclavage, la colonisation,
l'apartheid, l'aliénation capitaliste, les politiques d'immigration et d'asile, la normativité en
matière de sexe et de genre, etc. De ces rapprochements inédits jaillissent de nouvelles
questions et interprétations. De quoi sommes-nous dépossédés ? Notre vie entière n'est-elle
pas une vertigineuse dépossession ? Quel sens donner à cette précarité, à cette fragilité ?
Au-delà de ces questions interrogeant la dépossession comme forme de privation et de
soumission, l'exposition La colère de Ludd met également en avant des actes de refus et de
contestation à la dépossession. A travers le corps, l'histoire, la langue, l'identité, le libre arbitre
ou simplement le soi, certaines dépossessions, positives et volontaires, peuvent mener à une sobriété régénératrice, une mise à nu salutaire, un dépouillement. Dans une société dominée
par la logique de possession, cette conscience peut-elle mener à une nouvelle forme de
résistance ?
Du 19 septembre 2020 au 03 janvier 2021
B.P.S.22
Boulevard Solvay 22
6000 Charleroi
Musée accessible du mardi au dimanche, 10:00 > 18:00.
Fermé le lundi, les 24.12, 25.12, 31.12, 01.01 et du 17.08 au 18.09.2021. |