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Casanova, ma fuite des plombs
Casanova, ma fuite des plombs Je suis libertin

Casanova, le jouisseur, l’hédoniste, le philosophe est un mythe.
Si la petite histoire n’a gardé de lui que ses succès féminins, l’homme était bien plus complexe que ce raccourci réducteur.
Pour son premier texte monté à la scène, Serge de Poucques s’est attaché à nous le montrer sous ses différentes facettes.
Il situe toute l’action de la pièce dans la prison 'sous les Plombs' à Venise où Casanova a été enfermé pendant 18 mois avant de s’en échapper de façon rocambolesque.

Seul dans son cachot, le Vénitien laisse revenir à sa mémoire quelques-uns de ses souvenirs.
Nuits torrides, arnaques ou conquêtes sont évoquées avec réalisme (sans provocation ou exhibitionnisme).
Hormis le temps passé à préparer son évasion, c’est ses rencontres avec son gardien (Jean-Michel Balthazar), son médecin (François Sikivie) ou un jésuite (Toussaint Colombani) qui se jouent sous nos yeux pour mieux nous permettre de découvrir toute la profondeur d’un être que l’on a qualifié trop facilement de coureur de jupons.  
Grand amoureux des femmes et séducteur, s’il ne renie pas ce trait de sa personnalité, une belle partie de son charme vient de ce qu’il les révèle à elles-mêmes dans une époque où leur place et leurs droits étaient plutôt réduits à la portion congrue.
Serge de Poucques laisse la part (trop) belle également à la pensée, aux convictions de cet homme qui se prétendait ‘un esprit libre dans un corps libre’.

C’est peut-être ces quelques longueurs en fin dCasanova, ma fuite des plombs e représentation le seul bémol à émettre envers un spectacle pour le reste particulièrement séduisant.
Dans sa scénographie très sobre (une estrade et un fin rideau), Michel Kacenelenbogen, aidé par les superbes éclairages tamisés de Laurent Kaye, nous offre une mise en scène toute en délicatesse et en humour.
Si Casanova, ma fuite des plombs signale clairement la présence de scènes susceptibles de heurter, celles-ci sont présentées dans une atmosphère feutrée et avec un tel esthétisme que la nudité n’est nullement gênante ou provocante, mais simplement naturelle et belle.
Entouré par Sandrine Laroche, Mathilde Rault et Sarah Woestyn (personnifiant trois des 142 conquêtes répertoriées par Casanova dans ses Mémoires), Michelangelo Marchese endosse brillamment le rôle de ce libertin, de ce séducteur intemporel d’une modernité étonnante.

Spectacle vu le 27-02-2015
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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