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Exils 1914
Exils 1914L’Histoire est un éternel recommencement.
C’est ce que dit l’adage.
Le théâtre, avec Exils 1914, nous le démontre encore une fois et avec pertinence.
Face aux images dont nous abreuvent les médias sur les exilés et les migrants, chacun réagit avec son cœur, sa générosité, son égoïsme ou sa frilosité.

Philippe Beheydt, Stéphanie Mangez et Emmanuel De Candido (auteurs, metteurs et acteurs) nous plongent dans la Grande Guerre, ses drames et leurs conséquences.
Loin des récits classiques de poilus embourbés dans les tranchées inondées, ils nous proposent de suivre trois destins différents.
Trois instantanés de vie, celles de petites gens, de sans-grade, de vous et moi.

Comme près d’un cinquième de la population belge, August fuit le pays avec sa femme, sa valise et la Sainte Vierge après avoir payé un gamin pour prendre sa place au front.
Un parmi les quelques 120.000 travailleurs obligatoires, Victor est entassé dans un wagon à bestiaux, direction une usine d’Hambourg.
Boy de coloniaux, ramené juste pour les servir le temps du voyage, lâchement abandonné sur un quai de gare, Angolo espère être accepté en se battant pour sa patrie.  Il était l’un des 32 Congolais engagés dans l’armée belge.
Les récits s’entremêlent, s’égarent parfois, pour nous narrer les causes de ces exils, volontaires ou non pour ensuite mieux nous placer face à la réaction des autres (les nous d’aujourd’hui), leurs acceptations, questions, reproches, suspicions ou rejets.

Exils 1914Vision touchante, poétique et pleine d’une caustique ironie, Exils 1914 est servi par trois comédiens énergiques et investis.
On soulignera la force de la scène finale, une projection de migrants (voire naufragés) sur la Méditerranée.
Des images toujours tristement d’actualité.
Ce qui, après ces trois histoires belgo-belges, nous interpelle sur l’immigration, ses motifs et la perception que nous en avons !
Quel exilé a plus de raisons (droits ?) qu’un autre de tout quitter, de prendre le chemin périlleux de l’exode ?

Spectacle vu le 23-09-2015
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

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