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Si c'était à refaire
Si c'était à refaireTout est blanc, ordonné et aseptisé dans la vie du Docteur Jouvence (impeccable Pascal Racan).
Le seul hic, peut-être, est son épouse, une harpie vieillissante et excessivement jalouse (Rosalia Cuevas).
Il faut dire qu’elle a de quoi, paires de fesses et de seins peuplent les journées de son chirurgien esthétique de mari.
Et le soir, épuisé, il trouve plus d’intérêt à son oreiller et aux bras de Morphée qu’aux appâts de sa chère (très chère même, car elle possède 80% de la clinique) et (pas du tout) tendre moitié.

La maladie de sa secrétaire (une dame d’âge certain) voit débouler une jeunesse turbulente et un peu gaffeuse (une Laure Godisiabois diablement piquante et cocasse).
Il n’en faut pas plus pour que la tranquillité des lieux vole en éclats (de rire bien entendu pour le public).

Laurent Ruquier, animateur français bien connu, signe à la pointe du bistouri une pièce drôlement liftée.
Rien n’est à retirer ou à retendre.
Pas besoin de silicone pour gonfler les gags et autres jeux de mots.
Ses personnages sont délicieusement croqués, à peine botoxés, pour nous faire entendre quelques vérités acides sur la chirurgie esthétique et ses dérives.
Madame Carnot (épatante Nicole Valberg), joyeuse octogénaire, cliente régulière du ravalement de façades (la sienne et celle de l’établissement), qui veut sans cesse paraître quarante ans.
Melle Frantini (impayable Caroline Lambert) qui, après un nez refait avec un morceau de hanche, désire désormais une poitrine qui puisse tenir dans les mains de son fiancé en remplacement de ses boutons de sonnette.
L’actrice méconnue (Laurence d'Amelio) qui souhaite des lèvres pulpeuses pour qui sait, regonfler sa carrière raplapla. 

Entre crêpages de chignons (au propre comSi c'était à refaireme au figuré) et échanges vipérins (comme les femmes sont si rouées pour le faire entre elles), Si c’était à refaire, a l’énergie joyeuse et hilarante propre à dérider même une momie parcheminée.

Daniel Hanssens y signe une mise en scène efficace et qui ne nécessite la moindre retouche ou coup de scalpel.
Comme d’habitude, il s’est entouré d’une solide équipe de comédiens, mieux de vrais complices qui s’amusent tout autant qu’ils jouent cette comédie joliment vitriolée.

En ces temps de fêtes, n’hésitez donc pas à venir raffermir vos zygomatiques et détendre vos traits tristounettement affaissés par le morose quotidien et cela vous coûtera bien moins cher qu’une cure de Jouvence.

Spectacle vu le 02-12-2014
Lieu : Centre Culturel d'Auderghem

Une critique signée Muriel Hublet

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