Logo
Alice au pays des merveilles
Alice au pays des merveillesLus et relus, maintes fois adaptées au cinéma, Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles, Sous terre et De l’autre côté du miroir ont été interprétées et analysées de nombreuses manières.
De l’ingénu et coloré dessin animé de Disney de 1951 (version la plus connue) à un endroit cauchemardesque, véritable piège d’un monde sans logique, peuplé de personnages aussi ambigus qu’inquiétants, sans omettre la féroce satire sociétale, chacun en a sa propre perception.

Adapter à la scène le chef d’œuvre Lewis Carroll est, dès lors, une réelle gageure.
Pour le Théâtre Royal du Parc, Jasmina Douieb et Thierry Janssen nous en proposent une vision axée sur Alice et son évolution (le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte), mais également sur l’importance du relationnel.
En optant pour un Alice au pays des merveilles tout public (donc accessible dès six ou sept ans), ils se sont donné un challenge supplémentaire : rendre tout à la fois l’univers lissé et presque espiègle que beaucoup gardent dans leurs souvenirs et faire transparaître toute la noirceur et l’ambiguïté de l’écriture carrollienne.
Inévitablement voire obligatoirement, même si le spectacle possède plusieurs niveaux de lecture, certains seront frustrés de ne pas y retrouver leur imaginaire ou leurs attentes.

Pourtant, on ne peut que saluer l’énorme travail accompli.
La scénographie, costumes, masques, marionnettes d’Anne Guilleray et Geneviève Périat sont de vrais petits bijoux d’originalité et d’inventivité,Alice au pays des merveilles et Dieu sait, s’il en fallait pour donner vie à Humpty Dumpty, au Lapin Blanc ou au Chat du Cheshire, pour concevoir la chute infernale dans le terrier ou imaginer la délirante cour de la Reine de Cœur.
Six comédiens (Michel CARCAN, Sophie LINSMAUX, Lara HUBINONT, Thierry JANSSEN, Françoise ORIANE, Clément THIRION) endossent tous les rôles dans une mise en scène rythmée et soignée (Jasmina Douieb).
Tout s’enchaîne sans heurts ni hésitations, chaque saynète, par sa créativité sans cesse renouvelée, est une découverte surprenante tout autant qu’un régal visuel.

Est-ce pour rendre leur Alice au pays des merveilles plus consensuel et accessible que Jasmina Douieb et Thierry Janssen y distillent un rire quasi omniprésent et de très (trop) fréquentes les voix enfantines.
Si le premier, souvent sous forme de dérision grinçante, permet de prendre un certain recul face l’étrange et fascinante chape de sombre mystère qui enveloppe le spectacle, les secondes semblent nettement moins utiles voire parfois carrément agaçantes.

Ces restrictions et bémols n’enlèvent cependant rien au magnifique rêve onirique qui nous est offert, à ce voyage dans l’absurde et l’illogisme d’un univers fantasmagorique superbement recréé.

Spectacle vu le 03-12-2014
Lieu : Théâtre Royal du Parc

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF