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Le Triomphe du singe-araignée
Le Triomphe du singe-araignéeQuatre piliers et un cadre d’acier, un escalier-table-voiture, une barre de tribunal…
Tous en tube, tous faciles à escalader pour le singe-araignée.
Mais que fait un primate dans un théâtre ?
Bobbie Gotteson, le héros, si l’on peut employer ce mot, du roman de Joyce Carol Oates, s’est vu affubler de ce sobriquet peu flatteur.
Il n’en est pas moins homme.
Humain.
Ses sentiments, sa colère, sa souffrance et sa douleur insondables, il nous les fait découvrir comme une harangue, une plaidoirie, une accusation.

Abandonné à la naissance, retrouvé dans le casier d'une consigne, ballotté d’une famille d’accueil à l’autre, il n’a décidément pas eu le bon numéro à la loterie de la vie.
Quolibets, moqueries, rejets, brimades, coups, escroqueries, il a tout reçu, encaissé, supporté, enfin presque.
Le marginal, le simiesque, l’asocial, le découpeur de femmes va se confier.
Son récit est confus, tortueux.
Il mélange les périodes, se glisse dans la peau de différents personnages, parle de lui à la troisième personne du singulier.
Difficile de le suivre dans sa fièvre volubile, tout comme dans ses escalades d’ailleurs.
Vérité ? Fiction ?
Nous entendrons, par sa voix, ceux qui se sont occupés de lui : assistants sociaux, médecins, procureurs, juges, compagnons de cellule.
Délires ? Juste perception des choses ? Dédoublement de personnalité ?
Qui est vraiment Bobbie Gotteson ?

Le Triomphe du singe-araignée, ce roman de Joyce Carol Oates, adapté et mis en scène par Marie-Line Lefebvre est une sombre plongée dans l’esprit d’un homme trop souvent au bord de l’abîme.
Là où l’écrit permet une vision des personnages grâce à l’utilisation des caractères en italiques, au théâtre, tout repose sur l’adaptation et le jeu du comédien.
Marie-Line Lefebvre crée de véritables poches d’émotions, de troublantes angoisses et des petits instants clins d’œil pour tenter d’éviter toute lassitude lors de ce monologue fascinant, dans cette confession désordonnée qui risque d’égarer, par instants, le spectateur dans sa dense et profonde noirceur.

Le Triomphe du singe-araignéeAlexis Goslain incarne le singe-araignée avec une maîtrise magnifique.
Les cheveux un peu trop longs, la barbe qui lui mange le visage, les prunelles dures qui vous transpercent de colère, plus que de lui offrir ses traits, il est Bobbie Gotteson.
Impressionnant, magistral, il nous entraîne au bout de sa folie.
Suintant de violence contenue, il assume avec brio la complexité d’un personnage torturé, captivant et troublant.

Spectacle vu le 22-11-2013
Lieu : Atelier Théâtre Jean Vilar

Une critique signée Muriel Hublet

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