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Décris-ravage
Décris-ravage Drap blanc tendu à travers l’espace scénique, quelques portes blanches de récupération juxtaposées pour faire une sorte de palissade, un lutrin…
Rien de plus, rien pour attirer l’œil, rien pour le distraire.
Sur scène, ils sont cinq, tous de noir vêtus.
À l’avant-plan, la narratrice Adeline Rosenstein nous emporte dans une conférence ‘théâtralisée’, étonnante, complexe et qui ouvre la porte à bien des réflexions voire des prises de conscience.

Pas d’images, pas de photos, pas de vidéos…
Le poids des mots et les mouvements des acteurs (Olindo Bolzan, Léa Drouet, Isabelle Nouzha, Adeline Rosenstein et Thibaut Wenger) font entendre, résonner ou percevoir faits, situations et sentiments.
Dans cet univers presque aseptisé, avec des gestes à la limite du saccadé, de l’exagéré se tracent des frontières, se créent des nations, s’inventent des sous-espèces…
Derrière le jeu du comédien, au-delà des phrases, à travers la traduction de témoignages, nous touchons l’aberration, l’ignorance, la violence, le machiavélisme manipulateur.
De Napoléon à Ben Gourion, de 1799 à nos jours, Adeline Rosenstein a fouillé les documents, puisé dans les paroles d’experts, interrogé des artistes.
Sa conférence … quatre Power Poing, où les projections sont autant de boules de papier trempées d’eau (ou de larmes), des petites choses fragiles, froissées, écrasées, jetées, un peu comme nos kleenex.
Sans images, entre caricature et distanciation avec le sentiment, l’émotion, la tragédie ou le pathos, la mise en scène paraît légère.
Pourtant, chaque mouvement, chaque geste, chaque expression doivent avoir été solidement étudiés, imaginés, peaufinés tant ils créent de symbolique limpide, tant ils expriment parfois plus clairement une notion rébarbative qu’une longue explication.

Décris-ravage demandera aDécris-ravage u spectateur beaucoup d’attention, d’imagination également pour compléter lui-même le blanc des images absentes, pour percevoir à travers les mots lus la détresse, l’ignorance, l’incompréhension, la sensation d’être manipulé.

Tout comprendre et tout suivre ?
Le spectacle dure deux heures avec des moments plus parlants, d’autres plus nébuleux.
Mais si chacun en ressort avec quelques phrases ou quelques concepts, et sans ici évoquer la politique, un grand pas en avant sera effectué.

En voici deux déjà en guise de mise en bouche :
 ‘Pleurer sur le sort de quelqu’un est inutile.  Cela ne réconforte que le pleurnicheur et ne change rien au destin de l’autre et n’est certainement pas ce qu’il attend de nous’.

On s’habitue… On améliore… Et rien ne change’.

Spectacle vu le 04-03-2014
Lieu : Théâtre Océan Nord

Une critique signée Muriel Hublet

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