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La passion
La passion de Michel de Ghelderode (Théâtre de Toone)Petite rue des bouchers, une étroite impasse, un bâtiment séculaire (datant de 1696), des escaliers, des bancs de bois, des coussins de couleurs et partout des marionnettes…
Nous sommes au Théâtre de Toone, et n’oublions pas son Royal, titre conféré pour sa durée, qui symbolise un peu plus, l’authenticité de ce lieu du folklore bruxellois.

Les fêtes de Pâques voient chaque année depuis 1934, le retour dans le répertoire de Le Mystère de la Passion,un texte créé de toutes pièces par Michel de Ghelderode.
Le dramaturge belge que l’on connaît et apprécie pour son univers fantastique et inquiétant, souvent macabre, grotesque et cruel s’est plus qu’investi dans cette adaptation théâtrale de ce qui était une manifestation remontant au Moyen-âge.
Le jeu de la Passion y était interprété par un homme, un condamné qui subissait les supplices du Christ, petit à petit n’est plus resté que la tradition orale.
Mêlant le religieux, l’irrévérencieux, la zwanze, l’émotion, Michel de Ghelderode a non seulement écrit le texte, mais choisit les visages avec soin pour imprimer une vision de cette Passion emplie de contrastes et de références. 
Jérusalem devient Bruxelles, l’accent se mâtine d’expressions bruxelloises (selon le public présent certains tableaux peuvent carrément se jouer en bruxellois), les personnages déboulent savoureux, croustillants, hâbleurs ou hauts en couleurs, chacun facilement reconnaissable, veule, fier, courageux, typique, typé …
Judas, Saint-Michel, le Juif Errant, Madame Judas, les pharisiens, le noble roi Hérode, PonsePilatte, Saint-Pierre, Barrabas, les rois Mages, Saint-Jean Baptiste, Marie, Joseph, Adam, Eve, Belzébuth et naturellement Woltje (le Peï, le Brusseleir) sont tous là pour nous offrir un spectacle joyeux et frondeur, qui n’est pourtant pas sans quelques pointes de réflexion  soigneusement disséminées de-ci de-là.
La passion de Michel de Ghelderode (Théâtre de Toone)
Georges Sand l’a dit magnifiquement : Les marionnettes n'amusent que les enfants et les gens d'esprit.
Pousser la porte de chez Toone, c’est cela…
Retrouver un peu de son enfance avec l’impertinence gouailleuse que l’on doit ou peut se permettre (avec ou sans pintje à la main, mais vu la carte bien fournie de l’estaminet, se priver, non peut-être !).

Spectacle vu le 05-04-2013
Lieu : Théâtre de Toone

Une critique signée Muriel Hublet

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