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La Réunification des deux Corées
La Réunification des deux Corées Je t’aime…
Moi non plus…
L’amour…
Sujet éternel, rabâché à l’envi depuis la première scène.
Et voilà que Joël Pommerat (metteur en scène français, artiste associé du Théâtre National) s’en empare pour nous offrir un spectacle captivant, prenant, subjuguant qui vous laisse comme suspendu par ces vies qui s’étalent à vos pieds.

Dans une scénographie bifrontale, quasi dans la pénombre, les acteurs occupent un étroit couloir, à peine meublé parfois de quelques rares accessoires, nous amenant sans cesse à l’essentiel, leurs sentiments.
Le vide qu’on laisse dans le cœur de celle que l’on abandonne, aimé assez ou aimé trop, hanté par delà la mort, le droit à un amour d’enfance, aux relations sexuelles pour un prêtre, l’amour filial et la guerre…
Autant de thèmes que de bribes de vie qui s’installent face à nous, nous renvoyant comme dans un miroir nos propres inquiétudes, nos besoins inavoués, nos frustrations.
Entre rires et larmes, entre comédie et drame, entre humour et répulsion, entre haine et pitié, dans un ballet savamment orchestré, les comédiens enchaînent les saynètes, endossent personnages et d’émotions, sans cesse sur le fil du rasoir, sans jugement, sans tabous, sans fausse note, sans excès.
Le spectateur est comme happé, emporté par un courant impétueux de sentiments contradictoires, drossé sur des récifs, rejeté sur les rivages d'une certaine incertitude, sublimé par la vibrante pureté d’un amour inconditionnel, révolté par l’incompréhension bornée d’un entourage résolument hermétique à toute distorsion de leur morale bien-pensante.

Sublime, touchante et envoûtante, La réunification des deux Corées unit amour et désamour dans une union complexe, bouleversante et interpellante qui ne manquera pas de nous laisser comme subjuguer par l’énorme talent de Joël Pommerat pour densifier et humaniser si profondément tout ce qu’il crée.

Spectacle vu le 22-03-2013
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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