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Tout ce que je serai
Tout ce que je seraiQui suis-je ?
Question cruelle et parfois sans réponse.
C’est aussi celle que nous claque en plein visage l’auteur américain Alan Ball (American Beauty, Cinq filles couleur pêche) avec ce conte caustique et provocant qui essaye de bousculer ou de fragiliser nos assises culturelles et sociales souvent déjà branlantes ou assaillies de toutes parts. 
S’il traite principalement de l’homosexualité dans cette recherche d’appartenance, dans cette quête identitaire, Tout ce que je serai est un texte universel pour celui qui est un peu avide de se laisser entraîner à creuser sous la surface, à tenter de saisir les aspects plus complexes de l’existence ou à cesser de surfer sur les clichés simplistes que nous servent les médias.

Omar, vendeur dans un magasin d’informatique le jour, vit des nuits plus torrides.
Farouk, l’Étalon arabe, Démétrius, le dieu grec ;  Carlito, l’étudiant portoricain ; Egyptien ; Libanais ; Perse ; terroriste ; gogo-boy ; …
Un menteur pathologique ? Un égaré ? Un paria ?
Qui est Omar ?
Dans une plongée dans un des tournants de sa vie, le découvrirons-nous ?
Peut-être…
Soufian El Boubsi est Omar, il l’habite littéralement : intensité du regard, tension du corps, tout est là.  Il est l’écorché vif, le mendiant de tendresse, mais aussi l’être humain profond et généreux capable de tout donner, de tout offrir, mais qui se cache derrière des masques pour avoir l’impression d’exister, de ne pas être seul au monde, de peur de souffrir.Tout ce que je serai
Face à lui Jean-François Breuer est Dwight. Souvent cantonné aux rôles plus humoristiques, le comédien va superbement jouer la dualité du post-ado gâté, avec toutes les fêlures et les souffrances d’un être abîmé par une enfance douloureuse et solitaire.  Sa solitude infinie s’amplifie de la perversité de vouloir être heureux tout en se refusant la moindre chance de bonheur.
Philippe Jeusette est la troisième forte présence scénique. Il se glisse dans différentes interprétations, fait quasi le grand écart entre ces différentes personnalités avec un brio surprenant nous proposant un père épuisé par le comportement de son fils ou un inénarrable Raymond toujours debout malgré ses déchirures au cœur.

La mise en scène de Christine Delmotte est vive, précise, toute en finesse et en émotions. 
Elle crée comme un écrin à la profonde humanité et à la poésie  contenues dans Tout ce que je serai. Prenant et envoûtant, le spectacle s’il parle d’homosexualité, de prostitution ou de racisme est surtout tendre et impertinent. 
À voir le cœur et l’esprit ouverts, car nous avons tous besoin d’aimer et d’être aimés.

Spectacle vu le 20-04-2013
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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