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L'enseigneur
L'enseigneurLe Maître des petits animaux
Jadis, vous vous seriez levés.
Remarque amère qui débute un seul en scène, cruel, lucide, piqué d’humour, de solitude et de réalité cynique et qui en dit long sur le désabusement de celui qui la prononce … un prof.
Ce phénomène de foire, comme il se décrit, idéaliste plein de fougue et de candeur a perdu petit à petit ses illusions.
Rigidité, lourdeur et étroitesse de l’Administration, fracture sociale, démission morale, laxisme, violences, dégradations multiples, l’auteur, Jean-Pierre Dopagne, nous offre une étude humaine, profonde et réaliste des tourments d’un homme, de sa lente déchéance et de ce qui a pu l’entraîner jusqu’au pétage de plomb.

Créée en 1994, bien avant l’heure du burn-out, déclaré nouveau mal à la mode, L’Enseigneur dénonce, avec une tendresse désenchantée et une pertinence effroyable, une situation que nous connaissons tous, de près ou de loin.

Nous avons tous été assis sur les bancs d’une classe, face à un éducateur blasé ou au contraire devant un authentique pédagogue, un transmetteur de savoir, peut-être les côtoyons-nous encore chaque jour grâce à nos enfants ou qui sait, faisons-nous ou avons-nous fait partie du corps enseignant.
Rien n’a changé en vingt ans, le constat est le même.
Le texte de Jean-Pierre Dopagne est d’une réaliste actualité et là où en 1994 il pouvait sembler excès, aujourd’hui il paraîtrait presque banalité, fait divers, tant la situation dénoncée est criante (hurlante ?) de vérité.

Véritable appel à plus d’humanité, de compréhension et de tolérance, L’Enseigneur est aussi un petit bijou théâtral, et ce, à double titre.
L’auteur place le théâtre et ses facettes dans les bases mêmes du récit, offrant ainsi à Frédéric Genovese, l’occasion de nous tenir en haleine par son talent varié, de nous entraîner du rire aux larmes pendant près de cent minutes.
Un bel exploit, un spectacle à ne pas manquer tant pour sa qualité de jeu que pour la pertinence de ses paroles.

Spectacle vu le 12-04-2013
Lieu : Salle de la Bouteillerie

Une critique signée Muriel Hublet

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