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La peur
La peurCe sentiment qui nous prend aux tripes, qui nous freine, qui nous bloque, nous terrorise, nous infantilise, nous isole, nous déshabille, nous déshumanise, est si complexe, brutal, sournois, vicieux, sombre que de le voir en titre de spectacle, de soupeser le mot, de le tourner mentalement dans tous les sens, fait frissonner anticipativement.
Peur…
Que diable Armel Roussel et sa compagnie Utopia2 vont-ils en révéler ? Quels mécanismes mettront-ils au jour ?
Quels traumatismes réveilleront-ils ?

Premier mot-clé : vous déstabiliser.
Un récit à rebours, un acteur-présentateur très hésitant, un chœur, des comédiens au milieu du public, des apartés…
Second mot-clé : jouer de vos références
Armel Roussel installe ses comédiens dans un camp de redressement qui fait furieusement penser à une émission de téléréalité.
Un gardien blond et rigide doit garder, animer et rééduquer huit personnes dont le seul tort est de ne pas avoir le comportement adéquat.
Discipline de fer, horaires rigoureux, distribution de calmants, jeux débilitants, mécanismes répétitifs, brimades, humiliations.
Troisième mot clé : obéir ou désobéir
Comment vont réagir ces hommes et ces femmes, enfermés en vase clos, manipulés par un système rouleau à compresseur.
Oseront-ils, seul ou ensemble, relever la tête ?
Se révolter ? S’opposer à cette peur induite par la société, par les autres et acceptée par nous-mêmes comme normale, faisant partie de nous, de notre conditionnement. La peur

Si La peur est, vous l’aurez compris, difficilement résumable, son contenu est pourtant plein d’ironie, de causticité, de drôlerie et de tendresse et peut se contenter (mais cela serait dommage) d’une lecture au premier degré.
S’il y a bien une narration, un récit de base, les sentiments et réflexions qui vont en naître seront très personnels, parfois très différents de l’un à l’autre.
Une chose est sûre, sans choquer, sans excès, sans violence, Armel Roussel réussit à déranger, à troubler… à faire peur ?

Spectacle vu le 20-02-2013
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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