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Les Rustres
Les RustresHommes, femmes, mode d’emploi ?
Carlo Goldoni profite de l'esprit frondeur du Carnaval qui souffle sur Venise pour épingler la pseudodomination masculine.
Quatre barbons misogynes régissent en despotes sur leurs maisonnées.
Filles et épouses sont priées de marcher droit. 
Pas de sorties, pas de distractions, pas de frivolités, pas de vêtements coûteux…
Ces Messieurs sont avares, grincheux, grognons, coléreux, querelleurs, des rustres, des ours, des sauvages…
Pires, ils s’entendent comme larrons en foire, pour jouer les paters familias.
Mais ces dames vont-elles longtemps se laisser mener par le bout du nez sans résister ?

Après quelques scènes de mise en place un peu lentes, c’est l’envolée joyeuse, l’éloquence, la folie baroque qui se déchaînent.
Un geste à gauche, un déplacement à droite, un regard ici, une œillade là-bas, il faut avoir l’œil.
Réunies pour souper et pour fêter des noces les cinq femmes vont tant faire que rien ne se déroulera comme prévu.
Cela crie, cela jacasse, cela se rebelle, cela rit, cela badine, cela complote et la domination masculine va dégringoler de son piédestal.
D'un côté, cela grommelle, cela râle, cela vitupère en vain, tout en n’arrivant guère à tenir tête aux frondeuses mutines, de l’autre on joue les fausses repenties, on ergote, on cajole, on flatte et on se libère du joug des couards oppresseurs.

Cocasse et jubilatoireLes Rustres
Ces deux adjectifs sont certes à imputer à Goldoni, à sa verve et à son talent pour l’observation, mais l’adaptation pétillante de Gérard Vivane et la mise en scène de Daniel Scahaise sont grandement pour quelque chose.
Ce dernier a transporté l’action dans une Italie très années cinquante, exagérant volontairement le trait.
Le grotesque de ces ronchons professionnels (Bernard Marbaix, Jaoued Deggouj, Laurent Tisseyre, Toni D’Antonio) est si dégoulinant d’autosuffisance qu’on a furieusement envie les secouer  tandis que les roueries féminines de Julie Lenain, Dolorès Delahaut, Isabelle De Beir et d’Hélène Theunissen, en meneuse de troupes, ne manqueront pas de donner des idées aux féministes de l’assistance.
Seuls, Bernard Gahide (Filipetto, le jeune fils de Maurizio) et Stéphane Ledune (Le comte Riccardo) ont un comportement normal et échappent à la vindicte mieux, s’attirent la faveur de ces dames.
Rythmée, par instants presque endiablée, Les Rustres ne manquera pas de séduire largement tant par son énergie communicative que par son propos délicieusement rieur et frondeur.

Spectacle vu le 22-02-2013
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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