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Michel Dupont Réinventer le contraire du monde
Sorte d’OVNI théâtral, Michel Dupont bouscule allègrement les règles du genre pour entraîner le public dans un univers purement sensoriel.
Pas de planches, pas de strapontins, pas de spots, pas de costumes, pas d’acteurs, le spectateur, assis sur des coussins à même le sol ou sur des chaises basses disséminées dans la salle plongée dans le noir absolu va entendre, écouter, percevoir, ressentir, imaginer…

Pour ce spectacle déroutant, Anne-Cécile Vandalem (Habit(u)ation) s’est inspirée d’une série de témoignages d’enfants captives.
Natasha Kampusch, Sabine Dardenne, Elizabeth Fritzl...ont raconté leurs terreurs, seules dans le noir pour ne pas sombrer dans la peur, dans la panique, dans la folie, se sont raccrochées à une histoire, à un fil ténu pour survivre pour exister

Avec Michel Dupont, Anne-Cécile Vandalem concocte de toutes pièces un conte glauque, noir, sombre, un récit sordide, volontairement parcellaire pour laisser de la place à l’imagination et à la sensibilité du public.
Elle mélange princesse enfermée dans une tour et gamine séquestrée dans une cave, folie des hommes et renfermement sur elle-même d’une enfant qui vient de perdre tous ses repères.
Anne-Cécile Vandalem nous égare dans un monde calfeutré, ouaté, peuplé de bruits de clefs et de grincements de portes, de raclements de chaînes et d’obsédantes gouttes d’eau, de claquements de talon et de bruissements de feuilles, tous nous entourent, nous cernent, nous enveloppent, nous frôlent, nous oppressent créant une ambiance, une vision, une vérité, une autre perception, derrière le miroir obscur.

Inévitablement se posera chez certains l’intérêt d’un tel spectacle ou d’oser l’appeler théâtre.
De même, ce genre de représentation est comme jouer à la roulette russe, tous ne seront pas réceptifs à cette expérience.
Certains en émergent, comme d’une parenthèse, sonnés, ravis, surpris, étonnés, d’autres bougonnent et râlent d’avoir été comme captifs pendant une heure.
Pour ceux qui se prendront au jeu, qui laisseront s’ouvrir esprit et imagination, Michel Dupont sera un cadeau, une sorte de trèfle à quatre feuilles pour prouver qu’il y a toujours moyen de se relever, de continuer, de se reconstruire.
Appréciera qui sait.

Spectacle vu le 06-02-2013
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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