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Irrésistible
IrrésistibleEntre comédie de boulevard et comédie sentimentale, Irrésistible de Fabrice Roger-Lacan, auteur également de Cravate Club, explore intelligemment l’amour et la jalousie dans une joute oratoire pertinente, corsée et retorse.
Elle est éditrice.
Il est avocat.
Ils sont jeunes.
Ils se sont rencontrés sur un télésiège en panne, paralysés par le vertige, et se sont séduits en entonnant « Le plat pays » pour conjurer leur peur du vide.
Ils partagent un appartement depuis quatre ans.
Aujourd’hui il se prépare à défendre un homme qui a tué sa femme et l’a mangée : cannibalisme, folie, amour… ?
Elle rencontre l’auteur de ses rêves, celui qu’elle vénère depuis si longtemps, mais aussi un vrai play-boy.
Le soir même le couple a projeté une soirée théâtre et crevettes pimentées.
Prémonitoire !

Il attend son retour, littéralement sous pression, agité, nerveux prêt à exploser, à la bouche des interrogations oiseuses, tordues… cherchant de plus en plus la petite bête, décortiquant les pensées de sa belle à sa place, envisageant la possibilité d’un éventuel peut-être qu’elle n’aurait probablement jamais imaginer seule.
Pointilleux, inquisiteur, le fourbe répète encore et encore les mêmes arguments, avec chaque fois une infime variante, jusqu’à faire craquer sa compagne, jusqu’à l’énerver, la déstabiliser, provoquer la crise.

Irrésistible c’est un texte superbement ciselé, profond, qui décortique le mécanisme de la jalousie  et qui n’est pas sans rappeler « Le jeu de l’amour et du hasard ». Les amants vont s’entraîner dans les pires affres amoureuses par peur, par dépit, pour de pas se ramollir dans une relation qui tiédit, pour retrouver un pseudodroit à la liberté de choix et d’expression, par bravache.

Aux dialogues tordus et implacables de Lacan, la mise en scène d’Alexis Goslain ajoute un cachet visuel certain.
Dans l’esthétisme du décor et des costumes certes, mais aussi dans tous les petits détails et objets où rien n’a été négligé, oublié, mais il fait mieux.  Irrésistible
Les jeux de lumière, la couleur des vêtements deviennent le reflet des sentiments ambiants et il va même jusqu’à évoquer la passion et la sensualité avec la fougue et l’exaltation fiévreuse d’un tango argentin dansé en live.

Côté jeu, Cédric Lombard, sorte de serpillière paranoïaque en short, longue silhouette dégingandée, l’air toujours un peu pataud et Sandrine Quynh, petit bout de femme élégante et énergique, poussée dans ses derniers retranchements par les insinuations perfides,  sont le parfait couple moderne et actuel dans lequel chacun pourra aisément se reconnaître.

Si les premières minutes du spectacle peuvent paraître longuettes et l’origine de cette querelle conjugale obscure à certains, le rire franc et généreux est au rendez-vous.
Face à ce couple emberlificoté dans ses contradictions, devant cette délicieuse mauvaise foi, devant cette love-story prévisible si… Irrésistible, je résiste difficilement à mon envie de vous recommander cette pièce juste faite pour vous et vos zygomatiques en mal de détente.

Spectacle vu le 19-02-2013
Lieu : Petit Théâtre Mercelis

Une critique signée Muriel Hublet

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