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Serpent à sornettes
Serpent à sornettes    Chaque jour, nos quotidiens, journaux radiophoniques ou télévisés, hebdomadaires et médias ne cessent de nous abreuver des magouilles et autres malversations économico-financières des petits, moyens et grands de ce monde.
On coupe bien les cheveux en quatre alors, tout est bon pour gratter un cent d’imposition, pour camoufler un petit profit, pour engranger un dessous de table, pour bénéficier d’un pot-de-vin, pour encaisser une superbe commission, etc.
Jean-Marie Piemme s’empare de ces dérives si actuelles et intemporelles et y rajoute l’Église, Dieu, les religions, le clientélisme religieux, les deniers du culte pour pimenter l’ensemble.
Moins caustiques et subversifs que ce à quoi il nous a parfois offerts, les dialogues de Serpents à sornettes ne sont que jeux de mots, références ou connotations bibliques délicieusement détournés et joliment anticléricaux.
Pourtant rien de très sulfureux, ni de satanique, pas de quoi hanter à tout jamais les couloirs de l’Enfer, juste les compromissions, hypocrisies et trocs habituels auxquels nos politicards et illustres et sinistres dirigeants de tout bord nous ont habitués depuis des lustres. Si nous sommes loin de la virulence acérée avec laquelle Jean-Marie Piemme nous a souvent régalés, le propos reste frondeur, plaisant et irrévérencieux en diable.
Mais seuls les grenouilles de bénitier et autres calotins tous crins risquent la crise de foi.

L’originalité réside dans le travail scénique de Philippe Sireuil.
Il crée deux personnages très contrastés : l’intendant de Dieu, personnage falot et coincé, aux oreilles pointues, aux souliers à rallonges, aux habits gris souri et au visage clownesque, très sépulcre blanchi (formidable Alexandre Trocki) et le tailleur à peine benêt, très volubile,  et surtout opportuniste homme d’affaires (Yoann Blanc).
Leurs duos, leurs joutes verbales épicées d’une belle dose de céleste et impie conviction blasphématoire.
À leurs côtés Edwige Baily est la jeune fille de l’affairiste, qui vaSerpent à sornettes    tester tous les égarements possibles de la vie tandis qu’Anne Sylvain joue sa mère une bigote qui ne rêve de rien de moins que d’être canonisée de son vivant.

Amusant, plaisant, divertissant, Serpent à sornettes doit énormément au travail de Philippe Sireuil et de ses comédiens pour réussir à aussi bien passer la rampe.

Spectacle vu le 10-01-2013
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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