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Les vacances
C’est sorti de ses habitudes que l’être humain se dévoile le mieux. Quand il se sent déstabilisé par un environnement qui lui semble hostile parce qu’inconnu, l’homme montre ses peurs et ses faiblesses, grogne ou fanfaronne pour se protéger.
Alors que les vacances devraient être un temps de repos et de détente, dans la pièce de Grumberg elles sont l’occasion pour un père de famille de faire sa grande gueule, d’exprimer ses rancœurs, son agressivité ironique face à son épouse et à son fils, sa xénophobie primitive vis-à-vis des habitants du pays qu’il a pourtant choisi de visiter.
Un pays du sud apparemment, matérialisé par un ventilateur au plafond, quelques cactus dans une serre, une nappe aux couleurs vives, un éclairage solaire et surtout par un patron de restaurant plus vrai que nature (Philippe Dengis) : gros favoris, moustache et bouc, sourcils broussailleux, marcel graisseux à souhait tendu par un bide digne de la plus belle parturiente, un espagnol nickel au point qu’on s’y croirait.
Et heureusement face au trio familial qui manque parfois un peu d’allant même s’il tient la route dans la justesse du ton.
Une pièce courte (une heure) mais qui se traîne parfois dans des silences un peu trop longs.
Les relations mère poule/fils, ado en rébellion classique qui n’en fiche pas une/père donneur de leçons, mari marié depuis trop longtemps/épouse qui essaie de maintenir à flot son petit monde tournent bien mais rien de nouveau sous le soleil du Mexique.
Une pièce qui a plus de trente ans.
Un thème toujours d’actualité, mais un peu poussiéreux.
Une comédie, certes (on sourit, mais on n’est pas surpris), une satire selon le metteur en scène et comédien John Gregoire.
Mais alors, il fallait la pousser plus loin avec le risque de verser dans la caricature -ce qui n’arrive jamais et c’est tant mieux.
J’aurais aimé un décor plus du sud, qui nous aurait emmené nous aussi en vacances.
Un fils (Alexis Harre-Salle) plus jeune et pas en concurrence de son père même s’il compose très bien son personnage, mais il s’agit là de choix assumés et tout à fait respectables.
Un coup de cœur pour Carine Lippevelle, tantôt maman protectrice, tantôt épouse (pas soumise, non non !), mais aussi femme qui ne transige pas sur ce qu’elle veut manger ou pas et entend bien le faire savoir par tous les moyens au patron de la gargote.
Un personnage « haut en couleur » comme on dit, parfaitement maîtrisé.
La touche lumineuse indispensable.

Une bonne idée de mise en scène pour démarrer, reprise à la fin, mais il serait dommage de vous gâcher la surprise… et je laisserai donc le suspens entier.
À vous de vous précipiter à l’Étuve si vous voulez en savoir plus et nous donner vous aussi votre avis sur ces fameuses « Vacances » de Grumberg.

Spectacle vu le 23-11-2012
Lieu : Théâtre Royal de l'Etuve

Une critique signée Carine Vrayenne

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