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Hamlet
HamletFolie, que n’a-t-on proclamé ou fait en ton nom, en se cachant derrière ton ombre, en se justifiant par ta présence temporaire ou définitive !
Responsable de nos emportements passagers, de nos illusions, de nos égarements, tu deviens arme ou bouclier, lance ou armure. 
Mais fragile, instable, insaisissable, complexe et paradoxalement aussi tempétueuse qu’un tsunami, tu peux tout emporter, même la raison.

C’est sous cet angle un peu particulier que Michel Dezoteux a choisi d’aborder l’œuvre de Shakespeare (dont il cosigne l’adaptation avec Karim Barras).
Homme normal, sensé, son Hamlet entrevoit la vérité en songe et parodie la déraison pour la faire jaillir du fatras de mensonges qui entourent la mort de son père, jusqu’à lui-même sombrer dans le désespoir, la rancœur, la haine et l’esprit de vengeance sans nul espoir d’apaisement ou de pardon.
Côté mise en scène, tout se recentre sur le drame familial.
Dans une scénographie moderne et aérée de Marcos Vinãls Bassols, avec une mise en relief musicale (jouée en live), avec l’utilisation de maquillages qui tendent vers la fiction ou l’univers de Tim Burton (signés Jean-Pierre Finotto), avec une distribution ramassée et un texte dynamisé, cet Hamlet prend une dimension volontairement excessive mariant habilement comique et tragique.

Superbement ambivalent de bout en bout, bouffon torturé, d’un pathétique vibrant, furieusement cynique, Karim Barras assume toutes les facettes de ce personnage ambigu et nous offre une remarquable prestation. Denis Mpunga apporte au Roi, une dose de condescendances innées mâtinée d’une once de machiavélisme sirupeux assez délicieux.
Blaise Ludik nous propose des partitions très contrastées, mais toutes deux marquées par un humour visuel et verbal.  L’Ophélie de Fanny Marcq nous apparaît éthérée planant du haut de ses hauts talons dans on ne sait trop quel paradis probablement artificiel, tandis que Candy Saulnier est une reine fragile et perdue, qui à l’image de sa robe blanche, traîne et dénote dans un monde qui la dépasse totalement.

HamletRésolument moderne dans sa vivacité, dans son jeu et ses choix, l’Hamlet de Michel Dezoteux est une approche intéressante, innovante et créative qui ne manquera pas d’en renvoyer certains à leurs propres fantômes et autres chimères et sinon permettra aux plus jeunes d’aborder Shakespeare sans crainte et même avec beaucoup de plaisir.

Spectacle vu le 13-03-2013
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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