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Ciao ciao bambino
Ciao ciao bambinoSébastien Ministru nous a organisé une veillée funèbre pas piquée des hannetons.
Autour du corps de Ciccio Bello (impeccable Antoine Guillaume), sa famille et son petit ami sont réunis pour exprimer chagrin, regrets, incompréhensions, et inévitablement comme à chaque fois, on peut s’attendre à quelques foirades ou règlements de comptes.

On a tous un peu connu cela, déjà non ?
Ces souvenirs tendres, amusés, un peu doux-amers qui nous serrent la gorge et mouillent nos yeux ou ces petites chamailleries et mesquineries, sortes de coups de griffe que l’on assène à toute vitesse d’un air innocent et plein de fausse tristesse profonde sans oublier ces évocations murmurées, ces échanges sous forme de confidences qui n’en sont plus pour la majorité de l’assistance.
Ciao ciao bambino c’est cela, le portrait volontairement très caricaturé d’une famille presque comme les autres.

Entre Borinage et Italie, Sébastien Ministru nous concocte une minestrone chaudement épicée, avec pour ingrédients l’emphase du Sud naturellement, les appels à la Madone, l’entreprise de carrelage de Carmelo (Alexis Goslain), les préjugés bourgeois de Nancy l’épouse d’origine flamande (Laurence Bibot), les crises de maniaquerie de Charles (Aurelio Mergola) décorateur hypercontemporain incompris et veuf inconsolable, l’énergie débordante de Silvana (Anna Cervinka) la nunuche prof de zumba ou le comportement de beauf typique d’Éric (Frédéric Nyssen).
L’élément principal de cette recette originale sera le défunt lui-même, drôlement actif dans ce récit. Il en devient le narrateur, sorte de fil rouge, qui va évoquer passé, présent, futur et aider ses proches à accepter son décès du mieux qu’il peut.

Rire de l’homosexualité, nous y étions habitués, de la mort, un pCiao ciao bambinoeu moins.
Mais vue sous cet angle, celui du comportement idiot, obtus, égoïste ou débile que l’on peut adopter en certaines circonstances à une saveur toute particulière.
Elle démontre en tout les cas un fameux sens de l’observation et une si infime touche de cynisme.
Inévitablement donc, nous y reconnaîtrons tous Oncle Jules et Grand-tante Clara, mais jamais quelqu’un de plus proche de nous-mêmes ou de notre miroir.

Dans ce jeu d’excès, l’équilibre est difficile à maintenir entre la farce, le burlesque de bon aloi et l’impression de déjà vu, de classique de réchauffé.
Une bien étrange remarque à émettre pour une création, pour des dialogues tout neufs, pour une situation relativement inédite.
Pourquoi ce sentiment, cette sensation dès lors ?
En accumulant les vérités, Sébastien Ministru ne tombe-t-il pas involontairement dans le cliché ? De plus, en parodiant avec autant d’exactitude nos travers familiaux, en titillant juste au point sensible, ne risque-t-on pas de créer un petit réflexe désagréable ?

Mais ce déséquilibre n’en perturbera que très peu, les plus sensibles et encore, tous les autres s’amuseront d’une soirée sans prise de tête, servie par une bande de comédiens au top et dans une mise en scène joyeusement déjantée de Nathalie Uffner.

Spectacle vu le 01-05-2013
Lieu : Théâtre de la Toison d'Or

Une critique signée Muriel Hublet

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