Logo
La maison Ramallah
La maison Ramallah Un couple de Palestiniens conduit leur dernière fille au sacrifice ultime.
Direction Ramallah, où elle se fixera une ceinture d’explosifs et sera une bombe humaine de plus au service de la cause, de l’Organisation, à laquelle ils ont déjà sacrifié tous leurs enfants.

Le terrorisme, et tout particulièrement ici dans le cadre du conflit israélo-palestinien, adopte sous la plume d’Antonio Tarantino un relief acide, amer, caustique.
L’auteur italien n’épargne rien ni personne.
Son texte démonte les théories soigneusement établies, échafaudées vaille que vaille depuis des années à coup de matraquage bancal, de droit à une identité nationale, à une terre, à un sol.
Mieux, il joue sur la confusion, celle des âges, des lieux, des souvenirs, des époques pour amplifier celle des êtres pris dans cette tourmente.
Celle de ce père (Angelo Bison) et de cette mère (Laurence Warin) qui vont offrir leur dernière-née, mais aussi se rendre compte du fossé des générations, du poids de l’endoctrinement, de la solitude, du renoncement.
Celle de cette gamine (superbe Ana Rodriguez) lucide qui analyse sa jeunesse, son engagement, sa cause, sa mort avec une lucidité et une causticité effrayantes, une crudité volontairement violente, voire trash (histoire de nous sortir de notre carcan de préjugés rassis et confortables).
Là où le texte, les paupières closes (et les oreilles fermées à tout bruitage) se révèle truculent, percutant et savoureux, la mise en scène hachée de Pietro Pizzuti, dans une scénographie d’Olivier Wiame, qui fait ressembler ce wagon à un puits sans fond et place les protagonistes en équilibre sur la margelle, déstabilise plus qu’ils ne complètent l’ensemble. La maison Ramallah
Les comédiens adoptent la volubilité italienne et certaines phrases se perdent entre deux grincements des voies.
Pourtant à certains moments, plus intenses, leurs yeux vous vrillent, transpercent, vous collent, accusateurs à votre siège.
Pourquoi être resté passif face à notre souffrance, n’avoir rien compris (voulu comprendre?).
Ces cris, ces revendications, Ana Gomez en est une magnifique interprète. Dommage que la force poignante de son discours se trouve diluée dans des longueurs et interférences.

Une fois avertis, ne vous laissez pas distraire, écoutez les mots, percevez-en le message caustique et virulent, entendez Antonio Tarantino vous décrire cette absurdie qu’est pour lui le terrorisme et le lavage de cerveau qu’il entraîne bien souvent.

Spectacle vu le 08-03-2013
Lieu : Théâtre de Poche

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF