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Pré
PréNormal, normalité, normes…
Ces mots flous, espèces de barrières, de frontières, de garde-fous déterminent, créent un espace sécurisant où nos actes sont approuvés, admis ou tolérés.
Après J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie, la Clinic Orgasm Society a choisi d’en explorer les limites, les dérives, les contraintes et les perversions.
Cette étude se fera sous forme de triptyque dont Pré est le premier volet.
Si les premières minutes du court spectacle (1h05) sont un tantinet agaçantes ressemblant à de la mise en place (réglage des tables de mixage, de la caméra, accordage des instruments, dessin au feutre pour faire décor, etc.) qui auraient pu se faire hors de la présence du public, la patience est vite récompense.
Catherine Brevers et Mathylde Demarez se glissent tour à tour dans la peau de Lala Ferrero, une jeune fille dotée d’une vulve monstrueuse avec son amas de poils, de sécrétions et d’odeurs.
De la découverte de sa différence au rejet dont elle va être victime, nous sommes entraînés, par petites touches d’humour noir, dans un récit au ton franchement décalé, aux propos volontairement figuratifs et amplifiés.
Lala terrifiée par ses premières règles, qui attire les hommes comme des mouches grâces aux phéromones, qui les répugnent par son corps disproportionné, en butte à la jalousie et à haine féminine, paria au travail, bouc émissaire des uns, tête de Turc des autres, rejetée de partout, incomprise, solitaire…
PréChaque scène est différente par ses techniques visuelles, musicales, de jeu, de costume…
Le public se laisse embringuer de plus en plus profondément dans cette plongée dans la déroute, dans l’enfermement psychologique vécu par Lala, dans la profondeur de ses souffrances.
Tout cela séduit, intrigue, surprend et captive.
On attend la suite avec impatience, on veut savoir jusqu’où toute cette dérive va l’embarquer.
Sera-t-elle être submergée par Vagin et ses odeurs ?
Parviendra-t-elle à vivre avec cette particularité ?
Après une pirouette finale et une harangue sur Osez votre sexualité, respectez celle de l’autre, on retombe pour quelques instants dans la vie de Lala.
Cette fin est une rude retombée, sans parachute et dénote tout à fait avec l’ensemble, mais elle est la dernière image du spectacle.
Et si l’on faisait comme au cinéma…
On coupe les 5 premières minutes et les 5 dernières ?
Pré en devient rafraîchissant, drôle, extravagant, imaginatif et culotté.

Spectacle vu le 17-10-2012
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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