Oedipe
Dès avant sa naissance, il portait sur lui une terrible malédiction : il tuerait son père et épouserait sa mère.
Tragédie antique de Sophocle, devenu parfaite illustration du complexe du même nom en psychanalyse, Œdipe nous revient cette fois dans une contemporanéité replacée au cœur de notre actualité, de nos intolérances et de nos emportements trop souvent injustes et primaires (adaptation d’Olivier Kemeid).
Quoi de mieux pour figurer notre vie trépidante, notre course folle au toujours plus que cette option délibérée prise par le chorégraphe et metteur en scène José Besprosvany de mélanger danse, musique et texte, histoire et mouvement.
Sur les planches du Théâtre du Parc, il réunit cinq danseurs (Fernando Martin, Yann-Gaël Monfort, François Prodhomme, Mylena Leclercq et Juan José Torrez Martinez) et cinq comédiens.
Les premiers seront la cité, l’âme de la foule, le peuple qui gronde ses peurs, ses colères et ses révoltes avec en figure de proue, comme porte-parole revendicateur et vindicatif Toussaint Colombani.
Ce dernier, tout comme l’excellent Julien Roy (Le vieillard, Tirésias, Laïos, Polybe), participera à certaines chorégraphies.
Si la prestation torturée de Gauthier Jansen (Oedipe) est à saluer ainsi que le travail d’Isabelle Roelandt (impressionnante dernière scène — Jocaste), c’est surtout José Besprosvany qui doit en récolter une belle part du mérite.
Il conjugue les disciplines.
Il marie les talents.
Il apporte lumières et jeux d’ombres (Concepteur lumières Marc Lhommel, créateur vidéo Yannick Jacquet), pas de danses et haka, musiques (Koenraad Ecker) et sons.
D’un plateau vide, il fait une cité révoltée, un tribunal, un bar sulfureux, une alcôve.
Pendant une heure vingt (sans entracte), de ces judicieuses association
s, il tire un relief, une richesse qui éclaire Œdipe sous un jour nouveau.
On croyait le connaître, on le redécouvre plus vibrant, plus complexe, plus sombre, plus déchiré, plus taraudé par les remords et les questions.
Un spectacle fort, impressif et perceptif, qui mérite le détour ou la découverte.
Spectacle vu le 12-01-2013
Lieu :
Théâtre Royal du Parc
Une critique signée
Muriel Hublet
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