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Les misérables
Les Misérables de Victor HugoIl y a 150 ans sortaient de presse Les misérables de Victor Hugo.
Devenu un classique, le récit a connu de multiples adaptations cinématographies.
À son tour, le théâtre s’engouffre dans ce qui pourrait paraître un pari fou : adapter les 4000 pages du roman en un spectacle de deux heures, restituer sur une seule scène l’impression de voyager du bagne de Toulon aux barricades de Paris, en passant par l’infâme gargote des Thénardier, les jardins du Luxembourg ou la ville de Montreuil-sur-Mer.
Le directeur du Théâtre du Parc et metteur en scène, Thierry Debroux a travaillé le visuel, le descriptif, reprenant les mots hugoliens, les retranscrivant en images fortes, et parfois plus parlantes que les centaines de phrases alignées au fil des chapitres.
Pour concevoir cette vision, ces effets, cette fluidité, cette dynamique et cette aura de contemporanéité, il s’est entouré d’une solide équipe technique.
L’inévitable étroitesse d’un plateau scénique est compensée par un développement en hauteur, créant pour certaines scènes des étages (énorme travail scénographique de Catherine Cosme). Autres formidables apports à cette visualisation, l’insertion de courtes vidéo, superbement réalisées par Eve Martin (citons parmi les meilleures le dilemme de Valjean et le suicide de Javert), les lumières de Nathalie Borlée, les musiques de Pascal Charpentier  et les costumes de Catherine Cosme et Saïd Abitar donnent à l’ensemble un mélange détonnant d’onirisme, de puissance, une pointe d’humour et mettent en relief sentiments et sensations mieux que de longues tirades.
Côté comédiens, Thierry Debroux n’a pas lésiné non plus, 22 acteurs foulent les planches chaque soir. Si certains sont des stagiaires du Conservatoire royal, qui trouvent ici une première chance de se frotter au public, d’autres comme le bouillant Stéphane Fenocchi (odieusement infâme Thénardier) et sa vénale et cruelle moitié incarnée par Perrine Delers, leur fille Eponine (touchante Violette Palloro) ou Fantine (poignante Tessa Dujardin) nous offrent une prestation séduisante et de qualité.
Un tout grand coup de chapeau doit pourtant être apporté au travail effectué sur les rôles de l’Inspecteur Javert (percutant Benoît Verhaert) et Jean Valjean (sublime Olivier Massart) tous deux impressionnants, intenses, ardents et si pitoyablement humains dans leurs interrogations, leurs fêlures, leurs doutes.Les Misérables de Victor Hugo
Là réside la plus belle réussite de Thierry Debroux, outre ce qui précède, et malgré quelques petits flottements (qui devraient se resserrer très vite) de première partie, il transforme ce que beaucoup considèrent (encore et à tort) comme un barbant drame social en une fresque presque chaleureuse, chatoyante, il la pare d’humanité, il lui donne une proximité, une densité rare et nous fait (re)découvrir qu’entre hier et aujourd’hui, peu de choses ont changés, ni les hommes, ni leurs valeurs, ni leurs combats…

Spectacle vu le 20-09-2012
Lieu : Théâtre Royal du Parc

Une critique signée Muriel Hublet

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