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Le bourgeois gentilhomme
Le bourgeois gentilhomme - Théâtre Le PublicMonsieur Jourdain et ses rêves de grandeurs, classique des classiques… Nous l’avons tous ou quasi lus lors de nos studieuses études, mais il est si rarement joué sur nos scènes, ce Bourgeois Gentilhomme si gourmand en personnages qu’avec des budgets de plus en plus restreints, bien peu de théâtres peuvent encore offrir un tel luxe à leurs spectateurs.
Si est avide de reconnaissance, de changement, s’il cherche à se grandir, à se faire valoir (n’est-ce pas là le portrait de bien des m’as-tu-vu de notre entourage ?), il n’est malheureusement pas gourmet et ses choix vont le porter vers des arrivistes, des profiteurs et autres arnaqueurs qui ne manqueront pas de profiter de la naïveté touchante de ce richissime bonhomme qui ne sait plus quoi faire pour tromper son ennui.
Farce cruelle, pleine d’une folle énergie, cette comédie-ballet, dirigée de main de maître, par Serge Demoulin, marie superbement le rire, le pathétique, la danse, l’enfantin, le chant, le poignant, la musique…

On retrouve dans cette adaptation modernisée, l’esprit de Molière, les musiques de Lully, le baroque de l’époque avec une vibration subtile, un tempo allegretto, une pointe de rap et de techno bien de notre temps qui ne dénotent pas, que du contraire, insufflent un petit côté déjanté joyeusement rafraîchissant.

Du regard émerveillé d’un gosse devant un pot de sucreries à celui d’un clown triste et humilié Michel Kacenelenbogen (Mr Jourdain) nous offre une partition toute en finesse et subtilité, pianotant sur la gamme de l’expressivité avec un aplomb confondant. À ses côtés, son épouse Anne Sylvain, sa fille Claire Beugnies, sa domestique Babetida Sadjo et une kyrielle de jeunes talents dont Maroine Amimi, Alexis Julémont, Marvin Mariano et Real Siellez.
Pendant deux heures trente, entracte compris, un énorme exploit par rapport aux durées des spectacles d’antan, peu de temps morts, peu de longueurs (sauf la farce turque du grand mamamouchi).
Reste le dernier chant, celui du clown triste, le chant de l’incompris, le chant du solitaire, le chant de l’artiste…
Mais que diabl’allait-il faire dans cette galère ?Le bourgeois gentilhomme - Théâtre Le Public

À vous de le ressentir, de le percevoir, mais en tout cas, il ne doit pas empêcher d’apprécier l’ampleur du travail derrière ce Bourgeois Gentilhomme de grande qualité théâtrale.

Spectacle vu le 10-05-2013
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

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