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Continent Kafka
Continent KafkaAvec Continent Kafka, Pascal Crochet nous propose une nouvelle plongée dans l’étrange, le paradoxal et l’onirisme.
Après R.W. et l’univers de Robert Walser, il s’empare, avec toute son équipe, celui de Kafka et plus particulièrement des derniers jours de sa vie.
Sous forme de visions, d’hallucinations, les personnages du passé (famille, amis ou héros fruits de son imagination) ressurgissent et viennent le hanter.
Son esprit se transforme en un lieu de passages, de rencontres, d’échanges.
Il déforme, accentue, déstructure les personnalités des visiteurs qui deviennent inquiétants, déroutants, presque animaux parfois.
Bien qu’absolument pas nécessaire pour comprendre la pièce, avoir lu Kafka peut aider à identifier certains d’entre eux lorsqu’ils franchissent La Porte, qui tel un pivot central, sorte de sas ou de filtre, règle les flux, les fuites, le temps.
Ouverture d’espoir, fin de non-recevoir, elle est le principal objet de la scénographie de Satu Peltoniemi, qui sous des apparences d’un austère salon bourgeois, crée un espace flou, indéfini, intemporel, indéfinissable et qui sait peut-être infini.
Continent Kafka c’est cela, un peu, beaucoup, très, trop, peu…
Cela ne s’explique pas, cela se perçoit,  cela se ressent.
Quasi sans mots, chaque scène n’est images et se nourrit principalement des contrastes, des antagonismes, des haines entre la froide raideur des Eux (Anna Cervinka, Angelo Dello Spedale Catalano, Anne-Rose Goyet, Jean-François Pellez, Nathalie Rjewsky, Jérémie Siska et Simon Wauters) et l’immense détresse de Thierry Lefèvre (un Kafka tout en finesse et contradictions, qui suinte littéralement un malaise palpable).Continent Kafka
Entre danse, pantomime et théâtre, les huit comédiens sous la direction imaginative, précise et rigoureuse de Pascal Crochet nous entraînent dans un tourbillon impressif et onirique, teinté d’humour caustique et d’une pointe de glauque. Ils sont comme des pièces d’un puzzle, petits objets étranges, figés, raides, déroutants, dérangeants, aux bords irréguliers, mais qui petit à petit avec le recul, le temps et le cœur s’assemblent pour devenir une vision différence, audacieuse, souple, filante, qui ne manquera pas de fasciner ou hélas de déranger les plus frileux.

Spectacle vu le 11-10-2012
Lieu : Rideau de Bruxelles

Une critique signée Muriel Hublet

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