Sortie de scène
Bedos … Nicolas
Auteur caustique qui vous décortique l’âme d’une plume profondément humaine avec des trémolos comiques et des réparties acérées, venimeuses ou subtilement perverses (Promenade de santé).
Bedos … Nicolas, oui le fils de l’autre.

Pierre Monceau, la soixantaine, auteur de pièces de théâtre à succès, préfère désormais cracher son venin contre les politiques, les grands patrons.
Aigri, grincheux et malade, il vit reclus dans son grand appartement désert.  Quasi plus personne ne le visite, ni ne lit ses pamphlets. 
Seule sa femme de ménage (impeccable Marie-Hélène Remacle) reste fidèlement à ses côtés, avec l’amicale et familière tendresse bourrue que l’on retrouve chez les servantes de Molière.  Dans ce portrait, c’est Guy Bedos, le père qui se dessine, premier interprète de Sortie de scène.

Nicolas Bedos à l’écriture et Jean-Claude Frison dont on connaît la façon dans le registre comique et décomplexé (Sentiments provisoires, Voyage avec ma tante), voilà une affiche prometteuse.
Sortie de scène se divise en deux parties.
La première nous fait naviguer entre Le malade imaginaire et une critique acerbe des soixante dix-huitards, devenus les archétypes de ce qu’ils combattaient jadis.
Le propos est délicieusement impertinent, piquant, subtil, mais si les réparties entre le vieux bougon et sa domestique font mouche, les dyriatibes politiques paraissent plates, amorphes, là où on était en droit d’espérer la fougue d’un Don Quichotte partant combattre ses moulins à vent.
De temps en temps, on voit poindre un regard pétillant, un peu de la cocasserie dont Jean-Claude Frisson nous a déjà plus d’une fois régalé, mais tout disparaît comme éteint fébrilement par on ne sait quel souffle rageur.
Il est tout aussi désespérant de constater que les rôles de Cybal et d’Antoine Crol soient comme en roue libre, livrés à eux-mêmes, négligés.
Pourtant, à plusieurs reprises, Damien De Dobbeleer et Frédéric Nyssen nous ont déjà montré eux aussi leurs talents respectifs.
Trois mauvais comédiens dans une même pièce ?
Difficile à croire
Force est donc de se dire que la mise en scène classique de chez classique de Jean-Claude Idée n’arrive pas à donner rythme, vie, folie et panache à l’ensemble.
On venait pour un pétillant cocktail au champagne et notre gobelet contient du cidre éventé.

Sortie de scène avait tout pour plaire, sur papier.
Mais il n’est pas trop tard que diable.
Faites confiance à vos artistes, laissez-les jouer avec leurs tripes.
Jean-Claude Frison peut incarner Monceau bien mieux que cela, il est bridé, en laisse.
Qu’on le laisse libre d’exprimer son talent et c’est toute la pièce qui en sortira grandie.

PS… N’oubliez de me prévenir quand les changements sont faits que je vienne enfin apprécier Sortie de scène et puisse corriger cet article.

Spectacle vu le 13-02-2013
Lieu : Théâtre Royal des Galeries
Une critique signée Muriel Hublet

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