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Des jours trop long
Des jours trop long Être femme…
De tout temps, chacune a oscillé entre son destin de femme, d’épouse et de mère.
Des Jours trop longs met en parallèle deux points de vue face à la vie, au couple, à la grossesse.
L’une Cécile (Eléonore Meeùs) est mère au foyer dans les sixties et se croit à nouveau enceinte, la seconde Camille (Stéphanie Van Vyve) reporter de 32 ans fuit son compagnon obnubilé par ses rêves de descendance.
En cinquante ans, en deux générations, entre la grand-mère et la petite-fille la question ne change pas.  Donner la vie est-ce un choix ou un devoir ?
L’une parle pilier du foyer, abnégation, courses, présence rassurante et laisse échapper entre les silences de son discours de vibrants Et moi?  Et moi?  Et moi?
La seconde se veut maîtresse de son corps, estime pouvoir faire autre chose, refuse de rentrer dans le cadre, se sentir coupable, voir son statut de nullipare considéré comme une tare, une hérésie.
Et si finalement à des années d’intervalles Cécile et Camille ne clamaient-elles pas leur solitude dans une vie à deux ?
Si la maternité, le besoin de se reproduire, les bouleversements intimes sont typiquement féminins que cela ne rebute pas le spectateur masculin, car derrière se profile surtout une remise en question de notre présence, de notre rôle, de notre existence au sein du couple, au sein de la famille. Des Jours trop longs évoque également le lien familial, la vie, le souvenir, la mort et la manière de l’appréhender.  
Éléonore Meeùs et sa sœur Catherine se sont plongées dans le roman écrit par leur grand-mère, Marie Denis. À six mains, avec l’aide de Stéphanie Van Vyve, elles l’ont non seulement adapté pour le théâtre modernisé en ajoutant le personnage de Cécile. C’est peut-être là que résident les richesses et faiblesses du spectacle. 
Certaines phrases sont superbes, fortes, porteuses de messages, prenantes, poétiques et d’autres en comparaison paraissent éculées.
La mise en scène de Cécile Van Snick faisant interagir les deux actrices dans le même espace, dans des monologues rarement complices, l’immense différence entre le côté quasi figé de CéDes jours trop long cile (Eléonore Meeùs) coincée dans sa vie comme dans sa robe au jupon empesé et Camille (Stéphanie Van Vyve) véritable flamme brûlante, brasier d’énergie contenue contribuent à créer un certain malaise, une pointe de dérangeant qui donne presque l’envie d’empoigner la scène et de la secouer telle une boule à neige, que l’on agite pour en remuer la tranquillité du paysage.
Preuve peut-être que derrière le charme de la pièce et la frustration ressentie par instants, le message est là clair et limpide et que le portrait d’un être englué dans les conventions qui se dessine est par trop dérangeant, trop proche.
Pourquoi dès lors ne pas regarder Camille et Cécile comme des reflets de nous-mêmes et ne pas les juger… tout comme nous n’aimerions pas l’être.

Spectacle vu le 11-08-2012
Lieu : Festival Royal de Spa (Salon Gris)

Une critique signée Muriel Hublet

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