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Kiffeurs de rien
Sur un plateau vide et sombre, à l’image peut-être de l’avenir qu’ils entrevoient pour eux-mêmes, trois ados, Cheveux Rouges (Camille Schotte), Vent dans la Tête (Damien Locqueneux) et Tous les bahuts (Thibault Wathelet) vivent à tombeau ouvert les questionnements de notre jeunesse actuelle.

Quelle place lui réservons-nous ?
Quel futur lui léguons-nous ?
Et surtout est-elle prête à accepter tels quels ces acquis, ces cadeaux probablement empoisonnés ?
Avec pour seul mirage l’argent et l’étalage de richesse, quelle place reste-t-il pour l’individu et son épanouissement personnel ?

A la recherche d’amitié, de reconnaissance, d’une place dans la société ou tout simplement d’eux-mêmes, Cheveux Rouges, Vent dans la Tête et Tous les bahuts vont expérimenter la solitude, la violence, la drogue, la manipulation, le chantage, etc.
Cette plongée en eux-mêmes ne se fera pas sans désillusions et sans dégâts.
Loin des représentations codifiées et confortablement prévisibles, à l’image de son titre qui annonce clairement la couleur, Kiffeurs de rien est un spectacle décoiffant et drôlement énergique.
L’écriture au vocabulaire résolument jeune de Geneviève Damas, le jeu scénique vif, voire très sportif, conçu par Pietro Pizzuti déconcertera plus d’un spectateur frileux.

Cela vaut pourtant la peine de regarder un instant derrière le tourbillon musical (très rock), les pirouettes et autres acrobaties, d’y percevoir la fougue, la folie, l’apparente désillusion, l’impression de n’avoir que du vent dans la tête que projettent ces gamins.
Il ne faut pas gratter beaucoup pour y découvrir, à l’image du travail de Damien Locqueneux, Camille Schotte et Thibault Wathelet, une maturité et une profondeur qui ne demandent qu’un peu d’attention, qu’un petit coup de pouce pour trouver leur place, pour prouver leur valeur.

Formons donc le souhait que Kiffeurs de rien ne soit pas limité au succès d’estime, mais qu’il puisse toucher spectateurs, élèves et professeurs, susciter le débat et clore le bec à toutes les médisances qui font trop facilement le raccourci jeunesse, nullité incapable et violente.

Spectacle vu le 21-02-2012
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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