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L’ange bleu
L’ange bleuMythique, le film du réalisateur Joseph von Sternberg a donné force et vie aux personnages écrits par Heinrich Mann.
Parmi les premières réalisations du cinéma parlant, encore en noir et blanc, il laisse derrière lui le souvenir impérissable de Marlene Dietrich et l’interprétation assez exceptionnelle d’Emil Jannings (qui a d’ailleurs reçu, pour ce rôle,  le tout premier Oscar du meilleur acteur en 1929).

Que faut-il pour oser s’attaquer à un pareil monument ?
Du courage, de l’audace, une bonne dose de folie et aucune inhibition, car d’office les concepteurs de cette adaptation au théâtre savent qu’ils sont attendus de pied ferme.
Même si notre souvenir du film est un peu vague, voire quasi inexistante, les mots Ange Bleu restent synonyme d’un moment d’exception.
C’est aussi l’espoir de chacun des spectateurs qui vont s’installer dans la magnifique salle du Théâtre Royal du Parc.

Dès la lecture du programme, in seul mot annonce la couleur et qualifie l’adaptation : libre !
Une fois cela accepté et intégré vous prendrez du plaisir à ce spectacle multiforme et dans la droite ligne des divertissements de fin d’année.

Sur scène, on retrouve la trame classique, celle de ce vieux professeur rigide et sévère qui en poursuivant ses élèves dans un antre de débauche tombe amoureux fou d’une chanteuse de beuglant.
Il va jeter aux orties ses principes, sa vie réglée comme du papier à musique pour vivre et épouser l’allumeuse en bas résilles.
C’est sa lente déchéance, sa ruine financière et morale qui était le thème du film et qui reste de manière moins présente et moins chargée d’intensité le fil rouge de la pièce.

L’adaptation de Philippe Beheydt garde une belle dose d’émotion au personnage du professeur Rath (sublime Alexandre Von Sivers) mais en centrant son action dans un seul lieu, le cabaret et ses coulisses, il édulcore une partie des scènes mais autorise plus de fantaisie et de musique, dans la pure tradition du café-théâtre et des comédies musicales.

Cette vision de l’Ange Bleu, mise en scène par Michel Kacenelenbogen, se rapproche très fort des opérettes style Francis Lopez et consort.
On y retrouve le principe du couple vedette (Alexandre Von Sivers et Laura Van Maaren) entouré par un excellent duo comique (la pétulante Pascale Vyvere et le formidablement Loyalissime Patrick Brüll).
Chaque scène jouée est un prétexte à intercaler une chanson ou un refrain (musiques de Pascal Charpentier et paroles de Thierry Debroux).
Grâce à la collaboration du Centre des Arts scéniques quatre artistes de cirque se joignent à la distribution, non seulement comme figurants, mais nous présentent aussi des numéros de jonglerie, d’acrobatie, etc.L’ange bleu

L’ange Bleu, dans sa version proposée par le Théâtre Royal du Parc, a toutes les bases d’un bon spectacle mais souffre de la comparaison avec le film de Joseph von Sternberg.
Manque d’émotion, manque de voix et de présence de Laura Van Maaren et grande liberté avec le texte original sont les remarques qui fusent à la sortie de la salle.

Pourtant, en écoutant plus attentivement les dires de chacun, une unanimité se fait pour reconnaître au spectacle beaucoup de qualités et souligner son côté plaisant.
Et je pense sans guère me tromper, que si le titre et le résumé et les folders ne faisaient pas référence au mythique film, beaucoup de ces aprioris et de ces petites frustrations seraient disparues.

L’Ange Bleu serait alors un divertissement complet, mêlant avec succès la danse, l’humour, les chansons, les numéros de cirque et le théâtre dans l’esprit pétillant et très cotillon que l’on attend des spectacles de décembre.

Spectacle vu le 26-11-2011
Lieu : Théâtre Royal du Parc

Une critique signée Muriel Hublet

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