Logo
Le Joueur d'échec
Le Joueur d'échecQuelques jours avant le septantième anniversaire de la mort de Stefan Zweig, le Théâtre du Grand Midi – XL adapte Le joueur d'échecs.
Ecrite en 1941, alors qu’il vient de fuir le régime nazi, cette nouvelle analyse de manière très fine la situation politique européenne.

Stefan Zweig se présente comme le narrateur d’un récit qu’il situe sur un paquebot qui navigue de New-York à Buenos-Aires, chemin de l’exil qu’il a lui-même emprunté.
Pendant cette fuite-croisière, il va être intrigué par la présence de Czentovic, un champion du monde d’échecs, personnage frustre monté en épingle par des snobinards tout aussi médisants sur son inculture qu’admiratifs de son talent inné.
Prêt à tout pour le rencontrer, un Ecossais ira jusqu’à payer pour asseoir le jeune russe devant un échiquier.
Lors de cette rencontre, l’un des passagers ne sait s’empêcher de donner un conseil qui va mener à la mise en déroute du champion.
Lors d’une confession poignante, ce dernier, chassé de son pays par l’occupant nazzi va révéler les circonstances tragiques et douloureuses de son apprentissage de cet art ancestral de combat cérébral et guerrier.

Le public entoure un décor central, sorte de pont de bois, meublé de chaises, de tables et de pièces d’échecs.
Bernard Damien met en scène Raffaele Giuliani et Marvin Mariano dans une adaptation collective du texte de Zweig où les deux comédiens endossent tous les rôles.
On saluera l’excellente idée de rappeler en prélude, dans un apparté, le contexte du récit et d’en faire ainsi mieux apprécier la pertinence et percevoir toute la désespérance de l’humaniste qui s’est suicidé peu après.
Le Joueur d'échecSi les premières minutes peuvent paraître peu passionnantes, on est très vite captivé par cette joute oratoire, par cette transposition que l’on fait sans problème entre l’échiquier et l’Europe, entre le noir des pièces d’échecs et le cuir des tenues de la Gestapo.
Sans musiques tonitruantes, sans lueurs violentes, simplement par son jeu superbe et puissant Raffaele Giuliani, dans la confession de cet autrichien maintenu prisonnier et soumis à la question par les SS pendant des mois, crée une émotion rare et donne une intensité rare au drame psychologique de Zweig. 

S’il prononce le mot Remember, que cela soit aussi le nôtre. 
Non seulement pour dire un plus jamais cela, espérons-le prophétique, mais aussi pour retenir le nom d’un jeune comédien prometteur.

Spectacle vu le 14-02-2012
Lieu : Théâtre du Grand Midi - XL

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF