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Outrage au Public
Assis dans la salle du Théâtre du Grand Midi, vous attendez le début de la représentation.
Une jeune fille, très hôtesse d’accueil, surgit pour annoncer brutalement  Ceci n'est pas un spectacle. 
Petits regards en coin vers ses voisins …
Sommes-nous au théâtre ou en train d’admirer une œuvre de Magritte ?
Sur sa lancée, elle assène Vous serez insultés !?
Folie ? Suicide théâtral ? Provocation magistrale ? Mise en boîte phénoménale ?
Outrage au public est tout ensemble et bien plus.
Vos conventions théâtrales vont être sérieusement bousculées.
Aboli le décor, disparu le jeu sur scène (la comédienne déambule dans le public), éteints les feux de la rampe…
Mais on est bien au théâtre, on entend bien un texte soigneusement appris et on voit bien une actrice … ?!

Écrit en 1966, pour un quatuor et dans une forme plus longue, ce texte de Peter Handke est ce que l’on pourrait appelée une pièce parlée.
Bernard Damien (qui signe également la mise en scène) l’a adapté pour une forme courte et un seul intervenant.

Superbe paradoxe, Outrage au public est un monologue caustique et interpellant qui vous sensibilise à vous-même, à votre position au sein du public et par extension dans la vie de tous les jours.
Il scrute et décortique nos rapports au temps, au théâtre, au milieu et à notre corps.
Questionnements, accusations, provocations, mimes, ordres et contre-ordres s’enchaînent avec habilité et audace.
Perturbant, angoissant presque, caustique, cynique, pertinent, tordu, le spectacle volontairement indéfinissable et stimulant n’est que subtiles contradictions.

La prestation sans failles d’Amélie Segers, ses sourires sardoniques, ses regards provocateurs ou taquins et sa prestance complètent parfaitement l’ensemble.
Quand on découvre que la jeune comédienne est une débutante pour qui le Festif’Festival :  La Parole est aux Jeunes Z'Artistes est une de ses premières scènes on reste sacrément bluffé.
Gageons que le nom d’Amélie Segers devrait se retrouver très vite à l’affiche d’autres spectacles.

Spectacle vu le 18-10-2011
Lieu : Théâtre du Grand Midi - XL

Une critique signée Muriel Hublet

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