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KUTSAK
Le Robinson du sac poubelle
KutzakUn homme se retrouve comme naufragé dans une décharge.
Il est entouré de milliers de sacs plastiques et un charroi de camions ne cesse d’en faire choir.
Immergé, noyé, envahi, isolé sur son île de déchets, il crie en vain.
Comme Robinson, il s’efforce d'apprivoiser son microcosme.
Il se bâtit un abri et tente de résister au froid, au vent, à la tempête.
On assiste à son combat contre la soif, la peur et la solitude.
Petit à petit, il lâche prise avec la réalité.
Délire de présences fantomatiques et montres viennent peupler en imagination son univers tout de blanc plastique.

Mais qui est cet homme ?
Un déchet de l’humanité ? Une victime de la pollution ? Mère Nature étouffée par nos ordures ?
À chacun de se l’imaginer.

Kutzak est purement visuel, pas un mot compréhensible n’est émis.
Tout se transmet grâce à la gestuelle de Gauthier Jansen.
Seul en scène, le jeune comédien est aussi l’auteur de ce projet un peu fou, mais passionné et interpellant.
Pendant plusieurs années, il a effectué des tournées avec Clowns & Magiciens Sans Frontières.
Dans ces camps de réfugiés, dans ces hôpitaux, dans ces orphelinats, la langue n’est pas le seul obstacle.
KutzakIl faut aussi trouver un élément de référence, quelque chose que tous connaissent au-delà des clivages politiques, culturels ou religieux.
Le dénominateur commun a été le sac plastique, objet que l’on retrouve n’importe où, qui emballe nos achats et emporte nos déchets.
Il est partout, universelle illustration de notre société de consommation.

Sensibilisé à cette omniprésence et à son impact écologique sur la planète, il a fait partager son enthousiasme à beaucoup.
Pour accentuer et prolonger le spectacle, une exposition, une conférence et des ateliers sont proposés conjointement.

Mais à elle seule, la représentation vaut déjà un fameux détour.
Outre le talent de comédien et de mime de Gauthier Jansen, qui réussit en permanence à transmettre ses émotions, c’est le travail formidable de toute une équipe qu’il faut saluer.
La scénographie imaginative de Céline Rappez, les éclairages de Laurent Kaye, l’accompagnement sonore de Pierre Cap et la mise en scène conjointe d’Estelle Beugin et Pierrot Mol créent un univers de poésie habilement marié au tragique d’une réalité dérangeante.
Si inévitablement, comme dans tout spectacle impressif, on est moins réceptif à l’une ou l’autre évocation, il serait malhonnête de le reprocher à La Compagnie Saccuplastikophilie dont l’inventivité et la créativité ne manqueront pas de vous séduire, de vous émouvoir et espérons-le de vous sensibiliser.

Spectacle vu le 20-10-2011
Lieu : Espace Delvaux

Une critique signée Muriel Hublet

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