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L’un d'entre nous
Confidence pour Confidences
Chéri, j’ai quelque chose à te dire…
N’est-ce pas la tête sur l’oreiller, blotti sous la couette, qu’il est le plus facile de déshabiller son âme comme on vient de le faire avec son corps ?
Les collectifs Tristero et Transquinquennal font de même.
Leurs vêtements parsèment le plancher où trône un immense lit.
Glissés sous un drap blanc, ils enfilent les phrases convenues comme d’autres les billes de verre pour créer un bijou coloré.
Pourtant, aucun de leurs mots n’est neuf, mieux même, leurs réflexions bateaux sont dignes du comptoir du café de la gare.
Tristero et Transquinquennal ont collecté une flopée de boutades, de clichés, de fausses affirmations, de mensonges éhontés, de vérités détournées.
Mais quel est l’intérêt d’égrener de pareilles banalités sur scène diront d’emblée les esprits chagrins ?
Le piquant de leur démarche réside dans la juxtaposition cocasse de celles-ci.
Par exemple :
En amour, on doit se taper dans l’œil.
En amour, on ne doit pas être aveugle, mais on doit savoir fermer les yeux.
Ces contradictions volontaires ou périphrases thématiques, revisitent nos valeurs sociétales, les relativisent et surtout nous renvoient comme un boomerang notre inconstance et notre tendance béni-oui-oui.
Sorte de questionnement à l’envers, les deux premières parties du spectacle, sur les thématiques de la politique et de l’amour, font sourire parfois très jaune.
Particularité de langage chacun commence par les mêmes mots.
En politique… décrit de manière très cynique le côté très faux-cul et opportuniste de nos politiciens.
Pour En amour…, la première surprise est de réentendre certaines des maximes politiques.  Cette subtile et judicieuse comparaison ne manque pas de surprendre et de semer la graine de la réflexion.  D’autres de ces aphorismes en sensibiliseront plus d’un et seront, peut-être, une salutaire piqûre de rappel à tous les couples… Rien n’est jamais acquis.
Le troisième et dernier volet, L’un d’entre nous, explore l’individu et son intimité.
Peter Vandenbempt (à l’origine du concept) a posé à ses comparses (Bernard Breuse, Miguel Decleire, Kristien De Proost, Youri Dirkx, Stéphane Olivier et Iris Van Cauwenbergh) une série de questions personnelles : souvenirs d’enfance, première relation sexuelle, phantasmes, phobies, études, défauts, manies…
Chacun tour à tour énonce une de ces réponses.
Jouant sur la touche du voyeurisme, le public, déjà dans l’intimité d’une chambre à coucher, devant des artistes quasi nus,  voit chaque comédien se dévoiler un peu plus, déshabiller aussi son âme.
De plus et inconsciemment, comme dans le jeu Qui est-ce, on cherche à identifier quel visage se dissimule derrière chaque affirmation. 
Quel est celui qui aime péter au lit ?
Où se cache l’amateur de pornographie ou le volontaire à la Croix-Rouge ? 

Démarche intrigante, ces affirmations, sans aucune des questions habituelles clairement soulevées dans les précédents spectacles de Tristero et Transquinquennal, atteignent partiellement son but.
Si l’on réfléchit, si l’on prend conscience de nos raisonnements et comportements parfois très stéréotypés, si l’on sourit souvent, si l’on s’amuse de cette impression d’improvisation face aux regards volontairement interrogatifs ou stupéfaits à l’audition de certains des  L’un d’entre nous, si l’on savoure la pertinence des choix des intermèdes musicaux, on ne peut échapper à une forme de lassitude provoquée par cette litanie de En politique… ; En amour… et autres L’un d’entre nous entonnés calmement dans l’immobilité de corps couchés.
Par contagion peut-être, la vue d’un lit et d’un oreiller, associée à cette absence de gestuelle et au monotone des voix, pourrait provoquer chez certains, un instant de somnolence.

Spectacle vu le 06-10-2011
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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