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Promenade de santé
Promenade de santéUn jardin, un banc, un homme et une femme.
Un amour naissant ?
Peut-être.
Ils s’attirent et se repoussent, mais n’osent s’abonner au désir qui les étreint.
Pourquoi toutes ces retenues, tous ces murs rapidement érigés pour se protéger ?

Nous sommes dans le petit coin de verdure d’un asile psychiatrique et ce jeune couple y est en traitement.
Il se dit bipolaire, obsessionnel, alcoolique, pervers narcissique tendance suicidaire.
Elle qualifie son état de psychose paranoïaque, avec tendance schizophrénique maniaco-dépressive à laquelle s’ajoute une solide touche de nymphomanie et de mythomanie.
Ils sont donc, au propre comme au figuré, enfermés derrière de bien lourds barreaux.
Peuvent-ils se laisser aller à ce sentiment qui éclot ?
Où est la vérité au-delà de leurs délires respectifs, de leurs errements pathologiques, de leurs tortueux et déformés raisonnements, de leurs perceptions troublées par la maladie mentale ?


Nicolas Bedos décrit avec beaucoup de finesse, de justesse et un joli filet d’humour deux esprits cabossés, deux cœurs déchirés, deux âmes en souffrance qui se télescopent, qui ont peur de leurs réactions, qui craignent l’autre, qui n’osent affronter le dehors, la vie et la réalité.
Avec légèreté et profondeur, sans tomber dans le pathos, il nous fait vivre cette relation sentimentale attachante, prenante et surprenante.
Ses dialogues intelligents explorent toute la gamme des sentiments et nous font ressentir toute la difficulté à se confier, s’avouer et aimer.

Lionel Jadot a créé un décor tout à la fois esthétique et poétique, qui permet, en quelques gestes, toutes les variations nécessaires au récit.
La direction d’acteurs d’Hélène Theunissen distille la petite touche, le petit plus qui fait que l’on s’attache aux personnages interprétés par Tania Gabarski et Charlie Dupont.
S’ils travaillent tous deux principalement pour le cinéma, s’ils se font rares sur nos scènes, le couple nous offre une prestation impeccable et par instants poignante surtout dans le chef de Tania Gabarski.

Les intermèdes, ces instants entre deux périodes de temps, entre deux lieux, utilisés pour des changements de costumes ou des manipulations à vue du décor, sont confiés au Thomas champagne trio (sous la direction de Greg Rémy).Promenade de santé
Si l’on apprécie la qualité de leurs morceaux de jazz, si l’on ne peut aucunement les critiquer, reste que le choix de leur présence et incidemment celle d’allonger volontairement la durée de la pièce (qui sinon serait d’une septantaine de minutes) en perturbe la linéarité.

Nicolas Bedos a créé une bulle irisée de sentiments et de délicatesse, qui ici vole trop souvent en éclats.
Tania Gabarski et Charlie Dupont tissent des liens avec le public, nous emportent dans leur univers et chaque intervention musicale vient rompre ce charme.
Ce Promenade de santé est plaisant et séduisant, mais laisse dans son sillage un petit sentiment de frustration, comme l’impression d’être passé pas bien loin d’un excellent spectacle.

Spectacle vu le 25-10-2011
Lieu : The Egg

Une critique signée Muriel Hublet

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